Evacuation partielle de l’ambassade américaine, le chef de la junte dénonce les sanctions

Les Etats-Unis ont ordonné mercredi l’évacuation de leur personnel non essentiel à l’ambassade à Niamey, au Niger, après le coup de force de militaires putschistes contre le président nigérien Mohamed Bazoum, a annoncé le département d’Etat.

« En raison de ce développement, le département d’Etat a ordonné le départ des employés gouvernementaux non essentiels à l’ambassade » ainsi que leurs familles, précise un avis diffusé mercredi soir sur son site internet.

Dans le même temps, le département d’Etat a élevé son niveau d’alerte pour le Niger qui passe de 3 à 4, déconseillant à tout ressortissant américain de se rendre dans le pays en raison de la situation sécuritaire sur place. Il précise avoir réduit les activités à l’ambassade des Etats-Unis à Niamey et cesser toutes les opérations quotidiennes, soulignant qu’ils ne peuvent intervenir qu’en cas d’urgence.

1.000 soldats américains au Sahel

Un certain nombre de citoyens américains sont montés à bord de vols de rapatriement français et italien mercredi au départ de Niamey, mais les Etats-Unis n’ont ordonné aucune évacuation générale de leurs ressortissants.

Les Etats-Unis ont condamné avec force le renversement du président Bazoum mais, contrairement à la France et d’autres pays européens, n’avaient pas ordonné d’évacuations jusque-là ni suspendu leur aide au Niger, qui se chiffre à plusieurs centaines de millions de dollars.

Interrogé lors d’un point presse mercredi, le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, avait affirmé qu’il n’y avait aucune indication de menaces visant des Américains au Niger ou les installations américaines comme l’ambassade. « Globalement, la situation à Niamey reste calme, mais elle est mouvante », a-t-il dit. Les Etats-Unis disposent aussi de quelque 1.000 soldats déployés dans le pays dans le cadre de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel.

« Aucune raison objective » pour les ressortissants français de quitter le Niger, selon la junte

Le général Abdourahamane Tchiani, qui a pris le pouvoir à Niamey à la tête de militaires putschistes, a estimé mercredi que les Français « n’ont aucune raison objective de quitte le Niger », au moment où plusieurs centaines d’entre eux sont évacués par Paris.

Les ressortissants français « n’ont jamais été l’objet de la moindre menace » et ils n’ont « aucune raison objective de quitter le Niger », a déclaré le général Tchiani dans un discours télévisé à la veille de la fête de l’indépendance du pays, ex-colonie française.

Il a dénoncé « l’usage de la force militaire » lors de la manifestation dimanche à Niamey devant l’ambassade de France où des gaz lacrymogène et « des armes », selon les militaires nigériens, ont été utilisés pour disperser la foule. Paris avait démenti l’utilisation de « moyen létal ».

Sanctions rejettées « en bloc »

Concernant les sanctions imposées par les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et leur menace d’usage de la force, il a dit les rejeter « en bloc » et refuser « toute menace ». « Le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, au pouvoir) rejette en bloc ces sanctions et refuse de céder à toute menace et d’où qu’elles viennent », a-t-il déclaré. « Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger », a-t-il ajouté.

Selon lui, « ces sanctions sont cyniques et iniques », visent à « humilier les FDS (Forces de défense et de sécurité), le Niger et son peuple » et à rendre « la situation intenable et le pays ingouvernable ». « Nulle part dans cette attitude méprisante et belliqueuse les dirigeants » ouest-africains « n’ont pris en compte la souveraineté de notre pays », a-t-il dit.

La Cédéao a ordonné un blocus économique du Niger, décidant la suspension « immédiate » de « toutes les transactions commerciales et financières » avec le Niger et menacé d’utiliser « la force » si le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet n’était pas rétabli dans un délai de sept jours.

Le général Tchiani a redit que c’était principalement en raison de la dégradation sécuritaire au Niger en proie à la violence jihadiste que les militaires avaient pris le pouvoir, affirmant : « c’est de la vie des Nigériens et du Niger qu’il est question ».

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