Les organisateurs vont devoir batailler pour ne pas faire décoller leur bilan carbone

En 2024, tous les yeux seront rivés sur Paris. Aussi bien pour admirer l’événement sportif incontournable que représentent les Jeux, que pour se pencher sur leur réel impact sur le climat. Et pour cause, l’Accord de Paris est resté gravé dans les esprits. Adopté à l’unanimité en 2015, ce traité international a institué l’objectif de neutralité carbone et prévoit notamment de contenir le réchauffement climatique d’ici à 2100 en dessous des 2 °C (voire de 1,5 °C).

Mais les Jeux vont-ils de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique ? Annoncé au départ comme le premier événement sportif mondial à contribution positive pour le climat par le Comité d’organisation, la communication se fait aujourd’hui plus discrète. « Nous avons préféré éviter d’utiliser ces termes parce qu’ils étaient mal compris », reconnaît Michaël Aloïsio, directeur général délégué au Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. Pour autant les objectifs restent inchangés, assure-t-il. « Nous travaillons pour réduire de moitié l’empreinte carbone des Jeux ».

Quid des vols internationaux

Ce modèle repose principalement sur le nombre limité de nouvelles infrastructures sportives à construire. « Pour vous donner un point de comparaison, on bâtit entre 10 et 15 fois moins d’infrastructures sportives que les éditions précédentes. » Seul le centre aquatique à­ Saint-Denis est sorti de terre. Mais l’ennemi du réchauffement climatique reste les vols internationaux. « C’est un gros enjeu. Dans un sens, Tokyo a démontré que l’absence de spectateurs avait réduit l’empreinte carbone en 2021, observe Robert Leonard Wilby, professeur d’environnement à l’université de Loughborough en Angleterre.

Mais comment procéder ? Faut-il organiser des événements sportifs sans spectateurs ? Robert Leonard Wilby n’a pas la réponse. Pour sa part, Michaël Aloïsio assure faire son maximum pour changer le modèle des Jeux. « Mais nous assumons le fait qu’il y a des choses pour lesquelles nous n’avons pas trouvé de solution hormis la compensation carbone », concède-t-il. À voir comment Los Angeles s’en inspirera pour 2028.

Bouchées doubles sur le végétal

Réduire l’impact des Jeux est un défi de taille qu’il faut également relever sur place le jour J. Selon Robert Leonard Wilby, professeur d’environnement à l’Université Loughborough en Angleterre, plusieurs leviers d’actions sont possibles. À commencer par la nourriture, avec les 13 millions de repas qui seront servis au cours des quatre semaines de compétition. « Je sais à quel point les Français aiment la viande. Mais proposer des plats uniquement végétariens pendant les Jeux peut faire la différence, même si cela a un faible impact sur l’empreinte carbone », précise le chercheur.

Les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en ont conscience et ils ont réfléchi à une assiette « deux fois plus végétale » que ce qui est habituellement proposé. Autre point important : le message renvoyé par les Jeux en termes d’énergie, de partenariats ou encore de sponsors. Les JO vont accueillir beaucoup de spectateurs et seront regardés par des millions de personnes.

Le professeur Robert Leonard Wilby en est lui aussi persuadé, cet événement de renommée mondiale a un rôle de modèle à jouer pour faire évoluer les mentalités. « On parle d’héritage, mais cet événement mondial peut avoir un véritable impact sur les comportements. » Nul doute que les Jeux de Paris 2024 laisseront une empreinte. Mais à quel point sera-t-elle verte ?

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