le prodige français Léon Marchand s’adjuge une troisième couronne – Libération

Encore stratosphérique ce jeudi 27 juillet, la torpille toulousaine a conservé son titre sur le 200 m quatre nages lors des Mondiaux de Fukuoka. Il est désormais le seul Français de l’histoire avec cinq titres mondiaux en individuel. A 21 ans.

La natation française peut entrevoir sereinement les prochains Jeux de Paris. Son nouveau gros poisson, Léon Marchand, n’en finit plus d’engloutir titres et records. A tel point que ce jeudi 27 juillet au matin, les suiveurs les plus assidus ne se demandaient pas si le Français pouvait remporter la finale du 200 m quatre nages des Mondiaux – il est déjà champion du monde en titre de la distance après tout – mais s’interrogeaient plutôt sur la marque de référence qu’il était susceptible de faire tomber.

Cette fois, il n’a pas été question de record du monde. Mais en s’imposant en 1′54′’82, Léon Marchand en a profité pour battre, pour la quatrième fois de sa carrière, le record de France de la distance, et s’est également emparé du vieux record d’Europe, celui que détenait le Hongrois Laszlo Cseh depuis 2008.

Déjà dans l’Histoire française

Surtout, la torpille toulousaine s’est adjugé son troisième titre en autant d’épreuves lors de ces championnats du monde au Japon. Du jamais-vu en individuel pour un Français sur une seule édition. Plus vertigineux : le voilà déjà, à 21 ans, auréolé de cinq couronnes mondiales. Un palmarès qu’aucun autre nageur tricolore ne peut présenter, hommes et femmes confondus.

Avant son titre de jeudi, Marchand avait réglé l’affaire sur 200m papillon vingt-quatre heures plus tôt, en touchant le mur avec plusieurs battements d’avance. L’écart avec la concurrence était encore plus impressionnant dimanche dernier en ouverture des Mondiaux, lorsque le jeune athlète s’était paré d’or sur 400m quatre nages, en rabotant d’1seconde 37 la précédente marque de Michael Phelps.

Interrogé la veille sur ce chrono historique qu’il pouvait faire reculer, Marchand l’évoquait simplement comme une «étape». On parle là de l’ultime record de l’Américain, considéré comme le plus grand nageur de l’histoire. «Il n’y a pas vraiment de limites à ce que je peux faire», assurera plus tard le Français. Pas vraiment arrogant, plutôt lucide sur sa nage et sa marge de progression.

Maître des coulées

Comme si ce geek qui se rêve développeur de jeux vidéo avait façonné son propre logiciel, dans le but de se rendre imbattable. Comme si le nageur, invaincu depuis un an désormais, s’était autoprogrammé de sorte à ne plus ferrer que de l’or. En réalité, Marchand a toujours été bien entouré. Fils de nageurs olympiques – le père a été vice-champion du monde à Perth en 1998, la mère a détenu un temps le record de France du 200m quatre nages – il peaufine sa technique depuis deux ans en Arizona sous les ordres de l’illustre Bob Bowman en Arizona, l’ancien mentor de Phelps. «Nous sommes très proches, je veille sur lui, un peu comme un père de substitution», racontait Bowman l’an dernier. «Comme il est loin de chez lui, il a besoin de quelqu’un pour s’assurer que tout va bien. Mais il est très indépendant et il s’est bien adapté à la vie (aux Etats-Unis)

Avec l’illustre coach américain, le prodige s’est amélioré en dos, son point faible, lui qui est souverain en brasse et en papillon. Mais Léon Marchand a un autre atout, celui qui fait gagner des titres en natation. L’homme excelle dans l’exercice de la coulée, où il domine encore plus que Phelps, jusqu’ici maître en la matière. Une statistique relevée par FranceInfo : lors de son record sur le 400 quatre nages, Marchand a nagé plus 100,62 mètres (soit 51 secondes) totalement immergé, quand Phelps avait parcouru 77 mètres (soit 38 secondes) lors de son record sur la distance en 2008.

En parallèle, le prodige français continue de suivre les conseils de Nicolas Castel, son coach de toujours depuis qu’il a commencé la natation à huit ans en Occitanie, aux Dauphins du TOEC. Avec lui, il a d’abord brillé en junior, avec trois médailles dans les championnats internationaux de jeunes. Marchand s’est même distingué en finale des Jeux olympiques de Tokyo en 2021, en terminant 6e du 400 m quatre nages, à 19 ans seulement.

Un an plus tôt pourtant, il était bien loin de Tokyo, frôlant le burn-out. Disait ne plus prendre de plaisir à répéter ses gammes dans l’eau tous les matins. «Je n’avais plus envie de nager, je n’arrivais plus à me lever. J’avais besoin d’une pause, de rester avec ma famille, de refaire des choses que je faisais enfant avec mon petit frère. J’ai appelé un préparateur mental pour travailler sur moi, savoir qui je suis vraiment», racontait-il à Libé sur le sujet, l’année dernière.

L’expatriation outre-Atlantique lui a aussi fait du bien. «Il a trouvé sa philosophie de vie et son équilibre à travers la natation, ses études (en informatique) et sa vie», se réjouit Nicolas Castel. Au bord des bassins, on l’entend beaucoup répéter «prendre du plaisir», «s’amuser». Le jeune homme dit aussi : «J’ai toujours eu en tête que je voulais être champion olympique un jour. Je ne sais pas quand, on verra bien.» Le plus tôt à Paris sera le mieux.

Mise à jour : à 18 h 25, avec davantage de contexte.

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