Le Britannique Jim Skea élu président du Giec à l’aube d’une décennie décisive

Le Giec entre dans une nouvelle ère. Médiatisé comme jamais jusqu’alors depuis la parution de son dernier rapport en plusieurs volets, insistant sur le rôle humain dans le changement climatique, le groupe d’experts créé en 1988 change de président. Enseignant en énergies durables à l’Imperial College London, Jim Skea, 69 ans, succède au Sud-Coréen Hoesung Lee, économiste spécialisé sur les questions d’énergie élu en octobre 2015, et dont la présidence a été jugée très discrète malgré la médiatisation du rapport.

« Le changement climatique est une menace existentielle pour notre planète », a déclaré Jim Skea devant les représentants des 195 Etats membres du Giec lors de leur session plénière à Nairobi, selon un communiqué du groupe. Il l’a emporté dans le vote final, par 90 votes contre 69, sur la Brésilienne Thelma Krug, ancienne chercheuse à l’Institut national de recherche spatiale au Brésil et coprésidente du Giec dans le cycle qui s’achève.

« Refermer la parenthèse du 1,5 °C »

Deux autres candidats briguaient aussi la présidence : la Sud-Africaine Debra Roberts, biogéographe spécialisée dans les questions d’urbanisation, et le Belge Jean-Pascal Van Ypersele, climatologue déjà candidat malheureux de la dernière élection en 2015. « En tant que président », a déclaré Jim Skea, « j’ai trois priorités : améliorer l’inclusivité et la diversité, protéger l’intégrité scientifique et la pertinence politique des rapports d’évaluation du Giec » et « maximiser la portée et l’impact » de son travail « au travers d’engagements avec les décideurs politiques et les autres parties prenantes ».

Dans une interview au site Climatica avant l’élection, Jim Skea s’est déclaré « génétiquement optimiste » et a souligné que l’humanité avait encore le pouvoir d’influer sur la trajectoire future du réchauffement. « Les défis sont énormes, mais l’essentiel est de ne pas être paralysé dans l’inaction par un sentiment de désespoir », a-t-il souligné.

Selon Olivier Boucher, climatologue de l’Institut français Pierre-Simon-Laplace, « le prochain président et les coprésidents des groupes de travail vont devoir refermer la parenthèse du +1,5°C. Cet objectif n’est désormais plus possible, en fait, je pense qu’il ne l’a jamais été ». Pour lui, « le Giec va vraiment devoir changer son discours et s’attaquer beaucoup plus aux scénarios de dépassement » des objectifs de l’accord de Paris, qui vont nécessiter d’accélérer les réductions d’émissions et de plus gros efforts d’adaptation. Le réchauffement planétaire est déjà quasiment à 1,2°C par rapport à la seconde moitié du XIXe siècle, et le dépassement du 1,5°C est désormais très probable dans les années 2030-2035, même temporairement, selon le dernier rapport de synthèse du Giec, publié en mars au terme de son 6e cycle d’évaluation entamé en 2015.

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