En Ecosse, les bizuts dans la lumière et les « premium » au repos

A Marcoussis,

A mi-chemin de sa préparation pré-Coupe du monde, le XV de France de Fabien Galthié est un produit à accès limité. Pas tant dans la communication – on est bien loin du temps de Marcatraz – que dans les ressources humaines utilisées par le sélectionneur en marge du premier match de préparation en Ecosse, samedi. Pour voir le « premium », c’est ainsi que sont nommés les tauliers de l’équipe, au statut protégé, il faudra encore patienter. Hors de question, pour l’heure, d’exposer les finalistes du Top 14, dont la préparation a logiquement commencé en retard. Il y a certes un premier pic de forme à atteindre dans un mois et le choc d’entrée contre les All Blacks, comme le confiait le préparateur physique Thibault Giroud, mais derrière, c’est un Mondial potentiellement long de deux mois qui attend les Dupont, Ntamack, Aldritt et compagnie. Rien ne sert de courir.

C’est un XV très largement remanié que Fabien Galthié présentera en Ecosse ce week-end. Parmi les présences remarquées, le retour à l’arrière doublé du capitanat pour Brice Dulin, et l’apparition attendue de trois néophytes : l’ailier Louis Bielle-Biarrey, le centre Emilien Gailleton et le troisième ligne Paul Boudehent, trio dont est vantée la très oxymorique « maturité insouciante ». Une manière pour le staff de remercier leur investissement sans faille et, dans le cas des deux premiers, de se faire pardonner du déracinement qui les aura privés de titre mondial avec les U20. « Pour tous les joueurs sur la feuille de match il faut vivre l’instant présent, suggère sur un ton messianique Fabien Galthié. Soyez heureux, après un mois de préparation. Soyez heureux de vivre chaque instant présent. Profitez du merveilleux, ici on vous offre le merveilleux. »

« On se lance dans l’inconnu »

Il s’agira donc pour les secondes lames d’un match récompense, d’une occasion de s’affirmer comme option crédible pour le futur, mais pas vraiment une rencontre pour bousculer une hiérarchie bien établie. Les blessures, craintes et envisagées par le staff, seront les seules à même de changer la liste des 33 joueurs retenus pour le Mondial, probablement déjà prête, bien au chaud dans un tiroir du bureau Galthié. « Si on regarde toutes les Coupes du monde, les matchs de préparation, les quatre matchs de poules, les matchs de phase finale, tous sont porteurs d’événements qu’on ne peut pas imaginer. Nous savons qu’il y aura des modifications dans le groupe, liées aux blessures. Nous allons travailler à 42, et les 9 joueurs qui ne seront pas appelés ont quand même de fortes chances d’entrer [dans le Mondial]. » Maintenir le groupe en éveil est de ce fait un enjeu réel pour le staff, et quoi de mieux qu’un gros match pour ça.

Face à l’équipe B du XV de France, l’Ecosse, 5e nation mondiale, ne se soucie quant à elle guère des subtilités estivales. Elle affichera sa meilleure équipe devant ses supporteurs. Fabien Galthié n’y va cependant pas pour prendre une fessée avec le sourire. « Depuis quatre ans, quelle que soit la composition, n’importe quand, contre n’importe qui, on a matché. Donc on va matcher contre l’Ecosse. » Au diable la facilité, le sélectionneur est venu chercher l’âpreté dans ce mois d’août pluvieux. « Ces quatre matchs de préparation vont nous mettre dans le jus, ça nous met sous pression, ça nous met dans l’inconfort. On se lance dans l’inconnu. »


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