EN DIRECT – Procès de Monique Olivier : “Je vais bientôt crever, pourquoi je cacherais quelque chose”

Monique Olivier, 75 ans, est jugée depuis une semaine par la cour d’assises des Hauts-de-Seine, qui procède ce mardi au premier interrogatoire de l’accusée.
Poursuivie pour complicité dans les enlèvements et meurtres d’Estelle Mouzin, de Joanna Parrish et de Marie-Angèle Domèce, l’ex-femme de Michel Fourniret, déjà condamnée à perpétuité en 2008, encourt à nouveau la peine maximale.
Suivez son procès en direct sur TF1info.

“JE NE VOULAIS PAS VOIR COMMENT IL ALLAIT S’Y PRENDRE POUR LA TUER”

Concernant Marie-Angèle Domèce, Monique Olivier a expliqué qu’après que Michel Fourniret a enlevé la jeune fille, tous les trois sont partis le vers un chemin. Le véhicule du couple diabolique s’est garé et Monique Olivier dit s’en être alors éloigné.

“Je ne voulais rien voir et rien entendre. C’est pour ça que je suis pas revenue trop vite. Je voulais… enfin, qu’il termine. J’essayais de pas arriver trop vite. Je ne voulais pas assister à certaines choses qui étaient déplaisantes et désagréables. Je me doutais de ce qu’il arrivait par la suite. Avec le recul, je me rends compte que je voulais pas assister à ce qu’il voulait faire après, après avoir abusé de la jeune fille, voir comment il allait s’y prendre pour la tuer”, explique-t-elle de façon saccadée. 

L’INTERROGATOIRE DE MONIQUE OLIVIER SE POURSUIT

Des photos de Marie-Angèle Domèce, victime de “l’Ogre des Ardennes”, sont projetées à l’écran à la demande Me Kanoun, avocate de la partie civile. “C’est une jolie petite fille”, commente Monique Olivier. 

Cette image correspond-elle à Marie-Angèle-Domèce quand elle l’a vue avant sa mort ? “Je ne sais plus”, répond l’accusée.  

Selon Monique Olivier, Michel Fourniret avait “jeté son dévolu” sur cette jeune fille. “Il se faisait son cinéma. Dans sa tête, il se fait tout un film et ne partage pas avec moi”, ajoute la septuagénaire.

REPRISE DE L’AUDIENCE

L’audience est reprise. Deux des enquêteurs qui devaient être entendus cet après-midi sont décalés à vendredi compte tenu de la durée du premier interrogatoire de Monique Olivier.   Le deuxième interrogatoire de Monique Olivier, prévu vendredi, est finalement décalé à lundi matin.

AUDIENCE SUSPENDUE

Audience suspendue. Reprise à 15h. 

“JE NE SAIS PAS OÙ SONT LES CORPS !”

Me Seban : “On est accroché à votre parole pour en savoir plus, les familles aimeraient savoir où sont les corps. Vous êtes la seule à le savoir. Dites-nous !”

Monique Olivier, très agacée : “J’aimerais bien mais je ne sais pas où sont les corps !” 

L’accusée maintient qu’elle veut aider les familles, l’avocat ne la croit pas. “Joanna Parrish, vous savez qu’elle va mourir au moment où elle monte et vous la laissez monter”, lui hurle-t-il.

“ELLE NE MÉRITAIT PAS ÇA, C’EST HORRIBLE”

L’avocat demande à l’accusée ce qu’elle pense de ces photos prises pendant l’autopsie, qui montrent le visage tuméfié de Joanna Parrish avec les traces du lien qui a causé sa mort.

“Elle ne méritait pas ça, c’est horrible. C’est pas possible. Elle était belle… Elle ne méritait pas ça”, répond Monique Olivier. “Je regrette vraiment. Quand on voit la belle fille que c’était et qu’à 20 ans, à cause de moi, elle est partie. Comme vous m’avez dit tout à l’heure, si c’était ma fille, je crois que, sans être violente, je chercherais à… (Elle s’interrompt) Non, elle était belle, elle ne méritait pas ça, je suis désolée. Je ne sais pas comment vous dire. C’est impardonnable.”

“UNE IDÉE DE FOURNIRET”

L’avocat demande maintenant que des photos prises à l’occasion de l’autopsie de Joanna Parrish soient présentées à Monique Olivier. “Ce visage, ça vous dit quelque chose ? Vous étiez dans le camion quand elle a été assassinée. Elle pensait donner un cours d’anglais à votre fils, elle était heureuse de gagner un peu de sous pour aller voir son ami. Vous la reconnaissez ? Votre fils n’avait pas l’âge d’avoir un cours d’anglais, il avait deux ans.”

“Mais non, c’était une idée à Fourniret ça”, répond l’accusée.

DES PHOTOS DE JOANNA PARRISH PROJETÉES

Me Seban fait projeter des photos de Joanna Parrish, dont le corps a été retrouvé le 17 mai 1990 dans l’Yonne. Deux clichés en couleur apparaissent à l’écran. Monique Olivier dit ne pas reconnaître la victime. 

“JE VAIS BIENTÔT CREVER, POURQUOI JE CACHERAIS QUELQUE CHOSE”

Monique Olivier soutient une nouvelle fois qu’elle ne sait pas où est le corps de Marie-Angèle Domèce, qu’elle est restée à la maison quand Michel Fourniret est parti l’enterrer. Sinon, jure-t-elle, elle le dirait. “Ça servirait à quoi de ne pas dire ?”

“On peut imaginer qu’il y ait d’autres corps”, commente Me Seban, qui lui demande si tout cela n’était pas un jeu pour elle, comme pour son ex-mari. 

“À l’âge que j’ai, je vais bientôt crever, pourquoi je cacherais quelque chose ? Comme vous l’avez dit, il y a peut-être d’autres choses. Si je savais, les familles retrouveraient le corps de victimes, tant mieux.”

“J’AI JAMAIS ÉTÉ AUTRE CHOSE QUE LE CHIEN QUI DOIT OBÉIR”

Monique Olivier explique que Fourniret lui disait “partir en chasse” de nouvelles victimes. “Une fois il m’avait dit que, dans sa tête, ça faisait comme une cavalerie. J’essaie de résister mais il faut que je parte. (…) Lorsqu’il disait qu’il partait en chasse, sa cavalerie le tracassait. Il ne pouvait pas lutter. Il fallait qu’il parte.”

Me Seban s’interroge sur le rôle de l’accusée dans cette “partie de chasse”. 

“Si on veut, je suis le chien. J’ai jamais été autre chose que le chien qui doit obéir. Tu cherches pas à savoir. Tu fais ce qu’on te dit.” 

L’avocat relève que le chien est celui “qui cherche la victime”. 

Monique Olicier : “Je sais que je mérite la prison car j’ai fait des choses affreuses mais faut pas dire que c’est moi qui décidais. D’ailleurs, je vous l’ai dit, il n’aimait pas recevoir d’ordre.”

Me Seban : “On ne vous demande pas de donner des ordres mais de dénoncer ou de partir.”

Monique Olivier : “Je suis partie plusieurs fois et je suis revenue.”

LES 35 MEURTRES ÉVOQUÉS PAR FOURNIRET ? “C’EST PEUT-ÊTRE EXAGÉRÉ”

Alors que Monique Olivier le fixe et assure qu’elle “tente de répondre à ses questions”, Me Seban rappelle que Michel Fourniret, dans un courrier à un codétenu, a reconnu 35 meurtres. “C’est peut-être exagéré”, répond-elle. “C’est peut-être vrai ou pas vrai. Ça date peut-être d’avant de me connaître.”

Elle ajoute : “Founiret me dit pas tout. Il me dit ce qui l’arrange. Je vais dire quelque chose qui va pas plaire mais est-ce qu’un homme ou une femme dit tout à son conjoint ? Vous dites tout vous à votre femme ?”, demande-t-elle à l’avocat. 

“JE ME SOUVIENS D’UNE GARE”

Des photos du foyer où vivait Marie-Angèle sont projetées dans la salle. L’accusée ne se souvient pas être passée devant. “Peut-être oui”, dit-elle d’un ton hésitant. 

Les investigations ont laissé supposer que la victime a été enlevée sur la route entre le foyer et la gare d’Auxerre. “Je me souviens d’une gare. Je me souviens avoir attendu dans la voiture et à la gare. Je me souviens pas de cette entrée du foyer”, explique Monique Olivier. 

Michel Fourniret a-t-il demandé à la jeune fille si elle savait où trouver un médecin pour sa femme alors enceinte ? “Il aurait pu.”

“AVEZ-VOUS DONNÉ DES CALMANTS À MARIE-ANGÈLE DOMÈCE ?”

Me Seban rappelle que les amants diaboliques avaient administré des calmants à leur première victime, Isabelle Laville, en décembre 1987 puis la questionne : “Avez-vous donné des calmants à Marie-Angèle Domèce, enlevée huit mois plus tard ? Aviez-vous, comme pour Isabelle Laville, fait une fellation à Michel Fourniret et des caresses pour l’aider ?”

“Non”, marmonne Monique Olivier.

“VOUS ALLEZ REVENIR DANS LA NICHE AVEC MICHEL FOURNIRET”

Me Seban: “Dans les affaires que vous avouez, dans ces deux affaires (Domèce et Parrish), Michel Fourniret va contester. Vous allez revenir dans la niche avec Michel Fourniret et nier ces affaires-là. Est-ce parce que Fourniret avait nié que vous êtes revenue sur vos aveux ?”

Monique Olivier : “Je ne sais pas. Peut-être, oui.”

Me Seban : “Vous allez pendant des années empêcher la justice d’être rendue, laisser Claude Domèce mourir (le père de Marie-Angèle Domèce est décédé courant novembre 2023, ndlr).”

“LA PEUR DE TOMBER AUSSI”

Me Seban rappelle qu’il a fallu de multiples interrogatoires pour que Monique Olivier consente à lâcher quelques informations. “Pourquoi a-t-il fallu un an pour que vous passiez aux aveux ?”, lui demande-t-il, ses premiers aveux étant intervenus en 2004, douze mois après l’arrestation de son mari. 

Monique Olivier : “On était libéré de Fourniret mais c’était la peur de tomber aussi, d’aller en prison. La peur d’aller en prison fait agir de façon inconsciente. On veut garder sa vérité alors qu’on ne la mérite plus.”

Pour Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish, Monique Olivier n’avouera que le 1er février 2005. Pourquoi un tel délai ? L’accusée “ne sait pas”.

UNE PHOTO DE MARIE-ANGÈLE DOMÈCE PROJETÉE

Me Seban demande à ce qu’une photo de Marie-Angèle Domèce soit projetée sur le grand écran de la salle d’audience et réclame un zoom sur le visage de la jeune femme, tout juste majeure au moment de sa disparition. “Qu’est-ce que ce visage vous dit ?”, demande-t-il à l’accusée.

“Qu’il n’aurait jamais dû disparaitre”, répond Monique Olivier. 

L’avocat lui rappelle qu’elle était enceinte au moment de l’enlèvement et l’interroge : “Ça vous rendait heureuse de donner la vie ?”

“Oui… mais j’ai aussi ôté des vies”, commente-t-elle la voix basse. 

“ET VOUS N’AVEZ RIEN VU ?”

Me Seban revient sur les corps découverts dans la résidence du couple dans les Ardennes : “M. Fourniret a creusé plusieurs mètres devant vous au château du Sautou pour enterrer Elisabeth Brichet, et vous n’avez rien vu ?”

L’avocat, qui ne croit pas Monique Olivier, estime qu’elle sait très bien où se trouvent les dépouilles de Marie-Angèle Domèce et d’Estelle Mouzin.

“SI JE LE SAVAIS, JE VOUS LE DIRAIS”

Me Seban rappelle que c’est Michel Fourniret qui est passé aux aveux en 2018, indiquant être impliqué dans les enlèvements et les meurtres de Joanna Parrish et de Marie-Angèle Domèce. “Vous ne nous avez pas aidé Mme Olivier”, relève l’avocat, qui demande à l’accusée où sont les cadavres. “Je ne sais pas où sont les corps des victimes que l’on n’a pas retrouvés. Si je le savais, je vous le dirais”, répond-elle. 

“J’AI ESSAYÉ DE LE QUITTER PLUSIEURS FOIS”

Me Seban fait remarquer à Monique Olivier qu’elle avait son libre-arbitre. Elle répond avoir “essayé de le quitter plusieurs fois” mais être revenue à chaque fois. 

“SI J’AVAIS EU UNE FILLE, JE NE PARDONNERAIS PAS”

Me Seban, avocat de parties civiles : “En 16 ans, vous n’avez pas su dire non, entre le meurtre d’Isabelle Laville et l’enlèvement d’Estelle Mouzin ?”

Monique Olivier : “Non, j’ai pas…”

Me Seban : “Vous avez eu trois garçons, si vous aviez eu une fille ?”

Monique Olivier : “J’en aurais voulu beaucoup à la personne. Aux deux personnes qui ont commis ces monstruosités. Maintenant, évidemment, c’est trop tard. Aujourd’hui, je me rends compte que c’est de la monstruosité ce que nous avons fait lui et moi. Si j’avais eu une fille, je ne pardonnerais pas.”

FOURNIRET N’AIMAIT PAS RECEVOIR DES ORDRE

Le président reprend la parole : “Vous n’avez pas conseillé à Fourniret de ne pas jeter Joanna Parrish dans la rivière, qu’on la retrouverait ?” L’accusé dit ne pas y avoir “pensé”. 

“Si je lui avais dit ça, ça aurait été comme de lui donner un ordre et il ne supportait pas qu’on lui donne des ordres. Il aimait bien en donner mais n’aimait pas en recevoir.”

“IL ME DEMANDE DE FAIRE ÇA, JE FAIS ÇA”

Un assesseur lui dit qu’elle a déclaré être restée “comme une idiote” dans le camion quand Joanna Parrish a été violée. “Vous avez été active, vous participez au guet-apens. La cour attend une autre réponse.”

“Oui, la réponse n’est pas bonne”, admet Monique Olivier, qui explique qu’elle n’avait “pas le choix”.

“C’est comme une obéissance que je fais. Il me demande de faire ça, je fais ça. Je suis effectivement active. Je n’ai jamais dit le contraire.”

“UN GENRE DE PEUR”

L’autre assesseure : “Qu’est-ce qu’il se passe dans votre tête quand il se passe ce qu’il se passe avec Joanna Parrish ? Vous êtes là.”

Monique Olivier : “J’ai peur et je m’en veux de tout ça. Au moment des faits, j’ai quand même un genre de peur. Je regrette ce qu’il se passe à ce moment, (…) pendant les faits. Je regrette de l’avoir laissé agir…” 

L’assesseure : “Est-ce qu’à un moment ou à un autre, vous vous dites il faut que ça cesse ?”

Monique Olivier : “Je me le dis mais je le fais pas. J’ai peur de lui.”

L’assesseure : “Quand vous entendez Joanna Parrish crier, hurler, à quoi pensez-vous ? Qu’avez-vous fait ?”

Monique Olivier : “Oui, je l’ai entendue crier un peu. Lâchement, je n’ai rien fait. Je suis pas intervenue. Maintenant, je regrette de ne pas être intervenue, mais c’est trop tard. C’est la peur, la crainte de ce qu’il se passe. La panique. Incapable de faire quoique ce soit.”

L’AUDIENCE EST REPRISE

L’audience reprend avec la suite de l’interrogatoire de l’accusée. Le président indique avoir beaucoup de questions des jurés. 

La parole est d’abord aux assesseurs : “Pour quelle raison avoir été visiter Michel Fourniret en détention après son incarcération ?”

Monique Olivier : “J’aurais pu éviter d’aller le rencontrer… enfin bon. Lorsque j’y pense maintenant, je me dis que c’est un peu ridicule.” 

L’assesseure lui demande si elle avait “peur qu’elle parle aux enquêteurs des faits commis ensemble”. L’accusée assure que non. 

AUDIENCE SUSPENDUE

L’audience est suspendue 15 minutes.

“COMMENT ON SAIT ?”

Au sujet de l’enfouissement des cadavres de ses victimes, Michel Fourniret avait déclaré de manière allusive que Monique Olivier “aurait été du cortège”. 

L’accusée répète ne pas avoir accompagné son ex-mari pour se débarrasser du corps de Marie-Angèle Domèce : “C’est des bêtises tout ça.”

Le président s’interroge : “Quand il avoue les crimes, il dit la vérité et parfois il ment… Comment on sait ?”

ELLE LE “MOTEUR”, LUI LE “CARBURANT”

Michel Fourniret avait aussi déclaré que Monique Olivier avait “un poil dans la main” et qu’il fallait “des outils extérieurs”, soutenant que son ex-épouse était “le moteur” et lui “le carburant”. 

“C’est des bêtises, je suis pas du tout comme ça”, répond l’accusée. “C’était plutôt lui qui décidait que moi.”

SA MISE EN CAUSE PAR FOURNIRET

Michel Fourniret avait dit aux enquêteurs que Monique Olivier “a l’art de vous faire faire tout ce qu’elle veut”, jugeant son ex-épouse tout aussi responsable que lui.

“Même si j’avais pas été là, il aurait agi quand même. Une autre personne aurait été à ma place”, rétorque l’accusée, qui souligne que, “même seul”, le tueur en série aurait pu commettre ses crimes. 

“C’EST DU FOURNIRET”

Le 5 février 2018, Michel Fourniret déclare “être le seul responsable” du sort de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce, rappelle le président, remémorant les propos du tueur en série : “Si elles n’avaient pas croisé ma route, elles seraient toujours là.” Monique Olivier dit ne pas avoir d’explication sur ce revirement. 

S’agissant des viols, “l’ogre des Ardennes” continue cependant de nier. “Pourquoi ?”, demande le magistrat. “C’est du Fourniret, c’est pour s’amuser”, commente l’accusée. 

Le président évoque aussi les propos de Michel Fourniret au sujet d’Estelle Mouzin. “Il est fort possible, même très probable, que j’aie été l’auteur de cette disparition mais je ne sais pas quoi vous dire”, avait-il finalement reconnu, assurant que rien ne faisait “tilt” dans sa tête lorsqu’on le confrontait à une photo de la fillette.

AVEUX ET RETRACTATIONS

Le président : “Le 3 juillet 2008, Michel Fourniret dit au sujet des affaires Parrish et Domèce que vous délirez, que tout est inventé. Il demande à être confronté avec vous. Pourquoi conteste-t-il ces faits que vous avez avoués ?”

Monique Olivier : “Je ne sais pas. Je ne vois pas pourquoi il conteste.”

Le président : “Est-ce pour cela que vous vous êtes rétractée ?”

Monique Olivier : “Non, c’est pas pour ça.” 

MONIQUE OLIVIER A-T-ELLE “JOUÉ UN RÔLE ESSENTIEL” ?

Le président rappelle les propos de Michel Founiret, selon qui Monique Olivier “avait joué un rôle essentiel”, allant même jusqu’à dire qu’il n’était pas impossible que, sans sa femme, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce seraient peut-être encore vivantes aujourd’hui. “C’est faux ça, c’est faux”, soutient l’accusée.

“LE CHIEN N’ÉTAIT PAS LÀ”

Le président questionne l’accusée sur le chien que le couple avait à l’époque et lui demande s’il était présent lors de l’enlèvement de Joanna Parrish. 

L’accusée répond par la négative. “Je ne me souviens pas qu’il y avait de chien avec nous. Le chien n’était pas là. Il devait être gardé avec Selim (le fils du couple, ndlr).”

Le magistrat précise qu’un poil de chien a été retrouvé sur le corps de Joanna Parrish. “Il y a toujours des poils de chiens dans les véhicules”, explique Monique Olivier.

CONTRADICTIONS

Interrogée une nouvelle fois sur l’immersion du corps de Joanna Parrish dans l’Yonne, Monique Olivier affirme qu’elle n’était pas avec Michel Fourniret à ce moment-là, expliquant qu’elle se trouvait dans la voiture. 

En 2018, face à la juge d’instruction Sabine Khéris, elle avait pourtant assuré ne même pas être restée dans le véhicule. Des contradictions que le président lui fait remarquer. 

Monique Olivier répond s’être souvenu lors de la reconstitution qu’elle était allée avec Michel Fourniret à proximité de la rivière, sans l’accompagner jusqu’à l’eau avec le cadavre. 

“C’EST POUR ÇA QU’IL A DONNÉ DES COUPS”

Le président Didier Safar revient à nouveau sur les coups portés à la victime par Michel Fourniret, qui l’aurait frappée car elle n’était pas vierge. “Comme il n’était pas le premier, c’est pour ça qu’il a donné des coups”, explique Monique Olivier.

“IL N’Y A RIEN D’IMPROVISÉ !”

Le président : “Vous avez dit que ‘parfois, Michel Fourniret, soit il avait un plan, soit il improvisait’. Que s’est-il passé avec Joanna Parrish ?”

Monique Olivier : “Ce qu’il s’est passé, c’était pas un plan, c’était improvisé.”

Le président : “Il n’y a rien d’improvisé ! Il répond à une annonce, vous servez d’appât… Ça signe une préméditation totale. On est dans un assassinat là, pas dans un meurtre.”

“VOUS ME METTEZ LE DOUTE”

Monique Olivier dit maintenant qu’il “est possible” que le viol et le meurtre de Joanna Parrish n’aient pas eu lieu dans le C15, comme elle l’a toujours dit, mais au domicile du couple à Saint-Cyr-les-Colons, comme l’a toujours voulu Michel Fourniret. “Pour moi, c’est dans le C15. Mais maintenant, vous me mettez le doute…”, déclare-t-elle. “La transporter au Sautou, ça aurait été trop loin (le château du Sautou est situé dans les Ardennes, à près de 300 km de l’Yonne). Je ne sais plus, je ne sais pas…”

LE CORPS RETROUVÉ IMMERGÉ DANS L’YONNE

Le président demande à l’accusée quel laps de temps s’est écoulé entre le meurtre de Joanna Parrish et son immersion dans l’Yonne, la rivière qui traverse Auxerre. “Il fallait attendre qu’il fasse sombre et qu’il n’y ait pas de circulation pour trouver un endroit où déposer le corps”, répond Monique Olivier. 

L’autopsie a montré que le cadavre est resté peu de temps dans l’eau. “Vous avez pu la déposer vers 5h du matin ?”, interroge le magistrat. Monique Olivier pense qu’il était plutôt “minuit, 1h”, avant de préciser : “5h, c’est pas possible. Il devait commencer à faire jour.”

QUE S’EST-IL PASSÉ ENTRE LE VIOL ET LE MEURTRE ?

Selon Monique Olivier, Joanna Parrish a été tuée par Michel Fourniret juste après le viol : “Ça s’est produit presque aussitôt.” 

D’après le médecin légiste, le meurtre a pourtant été commis entre 22h et 2h du matin. Or, la victime a été enlevée le 16 mai 1990 vers 19h. Que s’est-il passé entre ces deux moments ? “Il fallait trouver un endroit pour déposer le corps”, explique l’accusée. 

Le président la reprend. Il ne veut pas savoir ce qu’il se passe après, mais avant le meurtre. “Je suis perdue…”, déclare Monique Olivier. 

Elle soutient que Joanna Parrish a été violée dans le camion C15. Son corps a été retrouvé à Moneteau, à quelques kilomètres d’Auxerre, où elle a été enlevée. Le président lui demande si elle est certaine que la victime n’a pas été emmenée dans la maison du couple à Saint-Cyr-les-Colons. “Je ne sais plus très bien. On aurait pu l’emmener à Saint-Cyr-les-Colons…”, répond-elle.

“JE NE REGARDAIS PAS”

Le président explique que l’accusée est restée dans la Citroën C15 où se trouvaient Joanna Parrish et Michel Fourniret. 

Monique Olivier : “Il lui a donné des coups de poing. Il était mince mais il avait des grosses mains. Je ne regardais pas. C’est à peine pensable…”

“IL ÉTAIT À LA RECHERCHE DE LA VIRGINITÉ”

Selon Monique Olivier, Michel Fourniret a demandé à Joanna Parrish si elle était vierge. “Ça l’a contrarié qu’elle lui ait dit qu’elle avait un petit ami. C’est peut-être pour ça qu’il a été violent, qu’il a fait ce qu’il a fait.”

Le tueur en série aurait été énervé que la jeune fille ait déjà eu des rapports sexuels. “Il voulait être le premier partout, même en dehors de la sexualité”, explique-t-elle. 

Le président rappelle que Fourniret a tout de même violé la jeune femme. 

Monique Olivier : “Il était à la recherche de la virginité. Mais pour lui, une femme c’était rien. Il méprisait les femmes qui… Je ne sais pas comment expliquer.”

“JE N’AI PAS SOUVENIR QU’ELLE SE SOIT DÉBATTUE”

Le président : “Pourquoi l’a-t-il attachée ? Les liens ont laissé des marques sur les poignets et sur les chevilles de la victime.”

Monique Olivier : “Je n’ai pas souvenir qu’elle se soit débattue, qu’elle se soit…”

“UN ENDROIT DÉSERT”

Comment Michel Fourniret a-t-il convaincu la victime de monter dans sa Citroën C15 ? Monique Olivier ne s’en souvient plus. Où Joanna Parrish a-t-elle été emmenée après son enlèvement ? L’accusée ne s’en souvient pas non plus et se contente d’évoquer “un endroit désert”. 

“IL VOULAIT LA SÉQUESTRER ?”

Le président : “Vous aviez dit : ‘pour que Michel puisse s’amuser avec elle…'”

Monique Olivier : “C’était ses termes à lui… De s’amuser…”

Le président : “Il voulait la séquestrer ?”

Monique Olivier : “Oui, mais ça a été trop rapide, ça n’a pas été fait.”

MONIQUE OLIVIER AFFIRME QU’ELLE N’ÉTAIT PAS AU COURANT

Le président demande à Monique Olivier si elle savait que son mari avait répondu à l’annonce de Joanna Parrish. “Non”, rétorque-t-elle. 

DES COURS D’ANGLAIS “POUR LE PETIT”

Selon Monique Olivier, Michel Fourniret contacte Joanna Parrish en prétextant vouloir donner des cours d’anglais “pour le petit”. Leur fils Selim n’est alors âgé que d’un an et demi… 

“LA PRÉMÉDITATION, L’ORGANISATION, LA MÉTHODE”

Le président demande à l’accusée où le couple a fait la connaissance de Joanna Parrish. “Bah, je sais plus”, soupire-t-elle. Le magistrat reprend la parole et explique qu’ils l’ont rencontrée par le biais d’une annonce passée par la jeune Britannique le 8 mai dans un journal gratuit, proposant des cours d’anglais. “Là aussi, on est dans la préméditation, l’organisation, la méthode”, souligne-t-il. “Oui, mais ça vient de lui tout ça”, répond Monique Olivier.

JOANNA PARRISH

On en vient maintenant à Joanna Parrish, retrouvée morte le 17 mai 1990. Monique Olivier explique que Michel Fourniret a rencontré la jeune fille, alors assistante d’anglais dans un lycée, par le biais d’une annonce. Puis elle se reprend : “À moins qu’il l’ait repérée devant une école…” 

Son mari et elles vivent alors à Floing, mais retournent à Saint-Cyr-Les-Colons pour y récupérer des meubles. Leur fils Selim a deux ans. Selon Monique Olivier, il est gardé par une jeune fille, une voisine, qui pouvait parfois s’occuper de lui pendant plusieurs jours. 

L’HYPOTHÈSE DU PUITS

Le président revient sur le moment où le couple revient chez lui, avec le corps sans vie de Marie-Angèle Domèce dans le coffre de la voiture. Il demande à l’accusée si son mari et elle avaient des outils qui auraient pu permettre d’enterrer le cadavre. Monique Olivier répond qu’ils avaient des “outils de jardinage”. 

Le président estime que si Michel Fourniret a fait part de ses craintes que le corps ne remonte en cas d’inondation, c’est peut-être parce qu’elle avait été jetée dans un puits, comme Isabelle Laville.

LE DÉTAIL DES INONDATIONS

Le président explique à l’accusée qu’elle a livré un détail, les inondations qui auraient pu faire remonter le corps de Marie-Angèle Domèce, s’étonnant qu’elle n’ait alors pas demandé où celui-ci se trouvait. 

ESTELLE MOUZIN

Le président demande à l’accusée si elle a déjà aidé les enquêteurs à retrouver les corps des victimes. Elle répond par la négative et soutient qu’elle ne savait pas où ils étaient enterrés. 

Didier Safar rappelle que Monique Olivier a pourtant conduit la juge Khéris vers un endroit où se serait trouvé le corps d’Estelle Mouzin. “Oui, mais il n’a pas été retrouvé”, rétorque-t-elle.

MONIQUE OLIVIER ASSURE NE PAS SAVOIR OÙ SE TROUVE LE CORPS DE MARIE-ANGÈLE DOMÈCE

Le président : “Doit-on vous croire quand vous dites que vous ne savez pas où est le corps ?”

Monique Olivier : “Si je le savais, je le dirais. Pourquoi je ne le dirais pas ?”

Le président : “Ce viol et ce meurtre, vous étiez partie prenante”

Monique Olivier : “Oui.”

Le président : “Pourquoi ne pas être restée jusqu’au bout alors ?”

Monique Olivier : “Pourquoi je me tairais ? Je voudrais rendre le corps aux familles. Si je savais pourquoi je me tairais ? Par méchanceté ? Pourquoi ?”

Le président demande à l’accusée si elle a reconnu Marie-Angèle Domèce quand une photo d’elle lui a été présentée. 

Monique Olivier répond que “non”.

“COMME UN JEU D’ÉCHECS”

Le président : “Pourquoi dites-vous que ces enlèvements et meurtres étaient un jeu pour lui ?”

“Parfois, il disait ‘comme un jeu d’échecs'”, répond Monique Olivier selon qui, une fois les crimes commis, son mari ne voulait “plus en parler”.

“IL CRAIGNAIT LES INONDATIONS, QUE LE CORPS REMONTE À LA SURFACE”

Le président rappelle que la dépouille de Marie-Angèle Domèce n’a jamais été retrouvée. “Il m’a laissée à la maison pour se débarrasser du corps et, quelques jours plus tard, il m’a dit qu’il craignait les inondations, que le corps remonte à la surface”, relate Monique Olivier dans le box, assurant ne plus savoir quand Michel Fourniret lui avait dit ça. 

À noter que les expertises météorologiques ont montré qu’il n’avait pas plu pendant plusieurs mois après la disparition de la victime. 

“IL A ATTENDU QU’IL FASSE PLUS SOMBRE”

Monique Olivier poursuit ses explications sur l’assassinat de Marie-Angèle Domèce, rappelant que son mari appelait ses victimes les “beaux petits sujets”. Après le crime, affirme-t-elle, le couple est retourné “à la maison”, à Saint-Cyr-les-Colons, domicile du beau-père de Michel Fourniret. Le corps de Marie-Angèle Domèce se trouve alors toujours dans le véhicule.  “Ensuite, il a attendu qu’il fasse plus sombre, qu’il fasse nuit, pour partir. Il m’a laissée à la maison. Je sais pas où il est parti.”

“IL L’A ÉTRANGLÉE”

Le président demande à l’accusée comment Michel Fourniret a tué Marie-Angèle Domèce. “Bah, il l’a étranglée”, répond-elle avec une simplicité déroutante. “Mais il n’avait pas de cordelettes”, ajoute-t-elle, précisant avoir déjà assisté à l’étranglement d’une jeune fille, Isabelle Laville, tuée avec une corde en décembre 1987.

“IL AVAIT OBTENU CE QU’IL VOULAIT”

Selon Monique Olivier, Michel Founiret lui a dit ensuite “qu’il avait obtenu ce qu’il voulait” et qu’il fallait attendre le soir pour décharger le corps. 

Le président s’en étonne : “À l’époque, vous aviez dit l’inverse, qu’il n’avait pas obtenu ce qu’il voulait…” 

L’accusée répond que son mari était peut-être “trop pressé d’agir”. 

À l’époque, un enquêteur avait repris les propos de la mise en cause, expliquant que “Michel Fourniret avait éjaculé trop tôt”. 

Monique Olivier soutient ne jamais avoir employé ces mots : “J’aurais dit qu’il est parti trop vite…”

“ELLE SE DÉBATTAIT”

Monique Olivier soutient qu’elle n’a ni vu ni entendu ce qu’il s’était passé dans la voiture. Le président s’en étonne. “Je ne regardais pas, je tournais le dos à la voiture”, explique l’accusée. 

Le président rappelle qu’elle avait dit que Marie-Angèle Domèce “se débattait”. “C’était une supposition”, justifie l’ex-épouse de Michel Fourniret.

“IL M’A DIT QU’IL L’AVAIT MISE DANS LE COFFRE”

Le président : “Vous êtes présente au moment de l’enlèvement de Marie-Angèle Domèce, qu’est-ce qu’il se passe après ? C’était quelle voiture ?” 

Monique Olivier : “Une Peugeot 304. Puis on est allé en pleine campagne, un chemin de terre. Il m’a demandé de m’éloigner de la voiture, ce que j’ai fait.”

Le président : “Pourquoi il vous demande de vous éloigner ?”

Monique Olivier : “Pour que je n’assiste pas à ce qu’il allait faire. (…) Je m’éloigne de la voiture. Quand je suis revenue, la jeune fille n’était plus à l’arrière. Il m’a dit qu’il l’avait mise dans le coffre.”

Selon Monique Olivier, il fallait que Michel Fourniret “trouve un endroit tranquille, avec des arbres”.

“IL L’AVAIT REPÉRÉE AU VILLAGE”

Le président : “Vous avez reconnu qu’il faisait des repérages en votre présence ?”

Monique Olivier : “Oui. Je sais que pour Isabelle Laville, il l’avait repérée devant une école. Marie-Angèle Domèce, il l’avait repérée au village.”

Le président : “L’avait-il repérée comme vivant au foyer d’Auxerre ?”

Monique Olivier : “Oui”

Le président : “Et pour Joanna Parrish, il savait qu’elle travaillait au lycée ?”

Monique Olivier : “Je sais plus”

“IL DEMANDAIT L’ADRESSE D’UN MÉDECIN QUAND J’ÉTAIS ENCEINTE”

Le président : “Que dit-il à Marie-Angèle Domèce pour qu’elle monte dans la voiture ?”

Monique Olivier : “Je sais plus (…) Je sais que, quand j’étais enceinte, il demandait l’adresse d’un médecin.”

Le président : “Il a utilisé votre grossesse pour elle ? Vous ne l’avez jamais dit.”

Monique Olivier : “Je sais que plusieurs fois il a utilisé ce prétexte-là.”

ASSASSINAT

Le président : “Il y a une préméditation. On est plutôt dans un assassinat qu’un meurtre.” 

Monique Olivier : “Oui.”

“VOUS SAVIEZ CE QUI ALLAIT ARRIVER QUAND IL ENLEVAIT UNE VICTIME ?”

Le président : “Vous saviez ce qui allait arriver quand il enlevait une victime ?”

Monique Olivier : “Hélas oui. Qu’il allait l’enlever, la violer et la faire disparaître. (…) Il y avait déjà eu des victimes avant.”

Le président : “Il y avait eu Isabelle Laville.”

Monique Olivier : “Oui.”

Le président : “Pourquoi voulait-il les tuer et pas seulement les violer ?”

Monique Olivier : “Pour qu’elles ne parlent pas.”

“ÇA COLLE PAS”

Le président : “Vous dites que Fourniret et vous préméditiez. En 2005, vous avez dit que c’était le fait du hasard, que la rencontre avec Marie-Angèle Domèce était fortuite. Ça colle pas avec vos déclarations d’aujourd’hui. Le repérage, c’est de la préméditation. La rencontre sur une route, c’est fortuit. Où avez-vous rencontré Melle Domèce ?”

Monique Olivier : “C’était sur un endroit où il y avait personne. Sur une route ou dans une rue. (…) Il fallait que ce soit dans un endroit désert. Pas devant des témoins. C’est ce qu’il voulait. (pour Marie-Angèle Domèce, ndlr), il l’avait repérée.”

Le président : “Comment pouvait-il savoir qu’elle marchait sur la route ?

Monique Olivier : “Il l’avait peut-être déjà repérée…”

“JE SAIS PLUS COMMENT…”

Le président : “Comment Michel Fourniret est entré en contact avec Marie-Angèle Domèce ?”

Monique Olivier : “Je suppose qu’il a dû… Comme il l’avait repérée dans le village, il a essayé de la repérer à Auxerre et après… Oh je sais plus comment…”

Le président : “Où l’a-t-il rencontrée ?”

Monique Olivier : “Peut-être à la sortie de son école…”

Le président : “Ça n’est pas du tout ce que vous dites en 2005…”

Monique Olivier : “Je n’ai pas souvenir d’avoir rôdé autour de ce foyer avec Michel Fourniret. 

Le président : “C’est ce que vous dites…”

Monique Olivier : “Je sais plus, faut pas croire que je veux pas parler.”

“JE SERVAIS D’APPÂT”

Monique Olivier : “Je servais d’appât. Il choisissait lui-même des victimes.”

Le président : “Il faisait des repérages puis il accostait.”

Monique Olivier : “Oui. Je sais que je lui servais d’appât. (…) Moi, je n’avais pas à le conseiller sur les victimes. C’est lui qui choisissait sa…” L’accusée ne finit pas sa phrase.

Police, justice et faits divers

UN TÉMOIN VOUS A VU

Le président : “Un témoin (Angélique L., entendue vendredi, ndlr) a dit l’autre jour qu’elle vous avait vu.” 

IL PARTAIT CHERCHER DES JEUNES FILLES POUR LES VIOLER

Le président : “Vous vous souvenez qu’en 1987-1988, Michel Founiret partait vers Auxerre pour chercher des jeunes filles pour les violer ?”

Monique Olivier : “Oui, il partait en voiture ou à pied. J’ai dû l’accompagner une fois, mais pas à chaque fois. Je l’ai accompagné mais pas du côté du foyer (où était Marie-Angèle Domèce, ndlr).”

“JE VAIS ESSAYER DE M’EN SOUVENIR”

Le président : “Au 3e jour d’interrogatoire avec la juge Khéris en 2019, vous contestez des termes qui auraient été utilisés dans votre audition de 2005 : les termes ‘cadavre’, ‘gamine’ et ‘éjaculé’. Puis en juin 2018, vous avouez à nouveau au juge d’instruction. Pourquoi ? 

Monique Olivier : “Je ne sais pas, j’ai pas de réponse…”

Le président : “Vous aviez dit que vous vouliez dire ce qui était arrivée à Mlle Domèce… Vous êtes prêtes aujourd’hui à nous donner des précisions ?”

Monique Olivier : “Je vais essayer de m’en souvenir.”

“PROBABLEMENT MARIE-ANGÈLE DOMECE”

Le président : “Vous dites que Michel Fourniret et vous avez parlé d’une jeune fille qui est probablement Marie-Angèle Domèce ?”

Monique Olivier : “Oui”

“LES VRAIES DÉCLARATIONS, CE SONT CELLES DE 2005 ?”

Monique Olivier balbutie : “C’est ridicule de ma part de m’être rétractée. Je ne vois pas pourquoi je l’ai fait.”

Le président : “Les vraies déclarations, ce sont celles de 2005 ?”

Monique Olivier : “Oui.”

Police, justice et faits divers

“MALMENÉE PAR LES ENQUÊTEURS ?”

Le président lit les déclarations de l’accusée en 2006. 

Monique Olivier avait dit avoir été malmenée par les enquêteurs, raison pour laquelle elle était passée aux aveux… avant de se rétracter un an plus tard.

“JE NE PEUX PAS DIRE QUE C’ÉTAIT POUR ÉVITER LA PRISON, J’Y ÉTAIS DÉJÀ”

Le président revient encore sur la rétractation de l’accusée en 2006.

Monique Olivier : “C’est stupide. C’est ridicule. Je ne peux pas dire que c’était pour éviter la prison, j’y étais déjà.”

L’accusée dit que c’est sa faute si les procédures des affaires pour lesquelles elle est jugée aujourd’hui ont été “retardées”.

“C’EST STUPIDE DE MA PART”

Le président insiste. 

Monique Olivier : “Je vois pas pourquoi j’ai réagi comme ça…” 

Le président : “Donc ces déclarations ont été mensongères ?”

Monique Olivier : “On peut appeler ça comme ça (…) Je ne vois pas pourquoi je me suis rétractée. C’est stupide de ma part.”

“ALORS LÀ, JE VOIS PAS POURQUOI JE ME SUIS RÉTRACTÉE”

Le président :  “Pourquoi vous êtes-vous rétractée en 2006 ?”

Monique Olivier : “Alors là, je ne vois pas pourquoi je me suis rétractée.”

Le président la coupe dans ses réponses. 

Elle poursuit : “Je ne vois pas pourquoi je l’ai fait. C’est stupide.”

“IL FALLAIT LE DIRE”

Le président rappelle que Monique Olivier a accusé son mari des enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish en 2005. “Que s’est-il passé en 2005 ?”

Monique Olivier : “Je me souviens plus. Je me souviens pas… 2005… Ça me revient pas ce que je vous ai dit.”

Le président : “Pourquoi avez-vous avoué spontanément ces faits.?”

Monique Olivier : “À l’époque, je m’en souvenais bien. Certains souvenirs. Maintenant, c’est plus vague. Il fallait le faire, il fallait le dire. Il ne fallait pas que ça reste sans… Il fallait dire qu’il y ait quelque chose.”

“22 INTERROGATOIRES DEPUIS 2018”

“Vous avez été interrogée cinq fois avant 2005”, reprend le président, qui évoque les aveux de Monique Olivier à l’époque. Elle s’est ensuite rétractée. “Jusqu’en 2009, vous l’avez été 14 fois. Après, l’affaire reprend en 2018, et vous avez été interrogée 22 fois depuis. Quatre confrontations avec Fourniret. Il y a des dizaines de pages d’interrogatoire. Puis, vous avez été entendue par les experts. Vous avez été amenée à évoquer avec eux les faits dont vous êtes accusée. Vous parlez pour la première fois de Marie-Angèle Domèce en 2005. Vous déclarez ignorer que Michel Fourniret avait agressé cette jeune fille…”

Monique Olivier : “Je ne sais plus.”

“CERTAINS SOUVENIRS ONT DU MAL À REVENIR”

Le président: “Dans vos déclarations, vous avez beaucoup menti, vous vous êtes beaucoup contredites. Beaucoup de questions se posent encore. Il y a beaucoup de zones d’ombre. Vous avez argué de vos pertes de mémoire, mais des experts, psychologues et psychiatres, nous disent que vos capacités mnésiques sont intactes. Pourquoi vous souvenez-vous de davantage de détails pour des faits anciens, comme pour Isabelle Laville, de Fabienne Leroy… Vous avez livré des détails sur leur enlèvement également. Pourquoi ne précisez-vous pas les circonstances des meurtres de Melle Domèce et Parrish.”

Monique Olivier, sweatshirt blanc, t-shirt vert, petite voix :”Je ne sais pas, certains souvenirs ont du mal à revenir. Je ne fais pas exprès, c’est embrouillé. (…) Je me souviens vaguement qu’il m’a parlé dans la maison de Melle Domèce mais pour tous les détails, je ne m’en rappelle pas. Je confonds avec d’autres.”

“LES PARTIES CIVILES ATTENDENT BEAUCOUP DE VOTRE INTERROGATOIRE”

Le président : “Vous comprenez que les parties civiles attendent beaucoup de votre interrogatoire. Elles veulent savoir les derniers moments de leurs proches. Depuis 2003, vous avez été interrogée de nombreuses fois, des dizaines d’heures passées avec les enquêteurs et les juges d’instruction…Depuis 2003, il s’est passé beaucoup de temps.”

PREMIER INTERROGATOIRE DE L’ACCUSÉE

Le président demande à Monique Olivier de se lever. Il va procéder à son premier interrogatoire sur les faits. 

L’accusée se lève dans le box. 

Le président: “Depuis le début de ce procès, vous paraissez très attentive au débat. Voici venu le temps des questions. Vous n’échapperez à aucune de ces questions.”

L’AUDIENCE EST REPRISE

L’audience est reprise. 

RETARD

L’audience devait débuter à 9h30 et a déjà 15 minutes de retard. 

Police, justice et faits divers

PLUSIEURS ENQUÊTEURS ET UNE JUGE D’INSTRUCTION

Cet après-midi, la cour procèdera à l’audition de plusieurs enquêteurs et de Sabine Kheris, la juge d’instruction qui a obtenu les aveux de Monique Olivier et Michel Fourniret en 2019 et en 2020

1er INTERROGATOIRE DE L’ACCUSÉE SUR LES FAITS

L’audience doit reprendre à 9h30. Au programme ce mardi matin, le premier interrogatoire de Monique Olivier sur les faits dont elle est accusée.

“Comptez-vous vous exprimer pendant ce procès ?”, lui avait demandé le président de la Cour d’assises des Hauts-de-Seine, Didier Safar, au premier jour de son procès après qu’elle a décliné son identité. “Je vais faire de mon mieux”, avait répondu d’une toute petite voix l’accusée.  

Ce mardi, une semaine après l’ouverture du procès de Monique Olivier – jugée pour complicité dans les enlèvements et meurtres de Marie-Angèle Domèce en 1988, de Joanna Parrish en 1990 et d’Estelle Mouzin en 2003 – la cour va procéder à son premier interrogatoire sur les faits. Un moment très attendu par les parties civiles alors que jusqu’à présent, le président a refusé que toute question sur le fond ne soit posée à l’ex-femme de Michel Founiret, décédé en 2021. 

La semaine dernière, Monique Olivier avait déclaré avoir “des regrets pour tout ce qu’il s’est passé” et avait reconnu“tous les faits” qui lui sont reprochés dans les affaires Mouzin, Domèce et Parrish. 

Trois interrogatoires sur les faits sont prévus au cours du procès, le premier ce mardi, le second vendredi et le dernier le 13 décembre. 


Aurélie SARROT

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