Des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey

Au Niger, le président déchu Mohamed Bazoum, élu en 2021, entame sa cinquième journée séquestré dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tiani, a pris la tête de la junte militaire, appelée Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Ce dernier a dénoncé une menace militaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette alliance, à laquelle appartient le Niger, doit se réunir en « sommet spécial » dimanche à Abuja, capitale du Nigeria, pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

« L’objectif de cette rencontre est la validation d’un plan d’agression contre le Niger, à travers une intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non-membres de l’organisation et certains pays occidentaux », selon un communiqué lu par un membre de la junte, Amadou Abdramane, à la télévision nationale. « Nous rappellerons une fois de plus à la Cédéao ou tout autre aventurier notre ferme détermination à défendre notre patrie », a-t-il ajouté.

Des manifestations de soutien aux putschistes

Les putschistes avaient déjà mis en garde sur « les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère », évoquant « l’attitude belliqueuse » d’ « anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières ». Une manifestation de soutien à la junte a lieu ce dimanche matin à Niamey, qui reste relativement calme, malgré l’interdiction par les putschistes de se rassembler.

Après une marche vers l’Assemblée nationale, des milliers de personnes, brandissant des drapeaux russes, se sont rassemblées devant l’ambassade de France à Niamey, avant d’être dispersées par des grenades lacrymogènes. Avant les tirs de grenades lacrymogènes, quelques soldats s’étaient interposés devant l’ambassade pour calmer les manifestants. Certains ont insisté pour entrer dans le bâtiment, d’autres ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russes et nigérien.

Paris a condamné les violences devant son ambassade, et appelé les autorités à en assurer la sécurité.

Le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane de l’armée française au Sahel et au Sahara, a lancé l’appel à manifester. Deux marches pro-putschistes ont eu lieu à Niamey et à Dosso (à une centaine de kilomètres au sud-est la capitale) jeudi, la première ponctuée d’incidents, avant que la junte n’appelle « la population au calme » et interdise les manifestations.

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