C’est quoi cette polémique autour de la fermeture des comptes de l’europhobe Nigel Farage ?

Même rejeté de tous, Nigel Farage pèse encore sur la vie politique britannique. En dénonçant la fermeture de ses comptes en banque la semaine dernière, l’ancien chef du parti anti-immigration UKIP a déclenché des réactions en cascade. Critiques contre la banque de l’ancienne reine Elizabeth II, nouvelle loi proposée par le gouvernement, démission d’une directrice générale… 20 Minutes vous résume la polémique.

Pourquoi Nigel Farage se retrouve-t-il sans banque ?

Dans une vidéo publiée mardi dernier sur Twitter, l’ancien dirigeant du Parti du Brexit et du parti anti-immigration UKIP explique qu’il avait obtenu un dossier de quarante pages pour comprendre la récente suppression de ses comptes par la très chic Coutts, banque de la défunte reine Elizabeth II et filiale de Natwest. Actuellement à la tête d’une émission de télé où il pourfend le « wokisme » et la supposée « cancel culture », il affirme que la banque a estimé que « des commentaires et des comportements qui ne collent pas avec les valeurs et les objectifs de la banque ont été démontrés » et qu’il est « vu comme xénophobe et raciste. »

Selon le tabloïd Mail Online qui a eu accès aux documents, la banque cite le partage par Nigel Farage d’une « blague » tweetée par l’humoriste Ricky Gervais sur les femmes transgenres, son amitié avec le tennisman Novak Djokovic ou encore son soutien exprimé pour Donald Trump. Dans des notes non-datées, Coutts s’inquiète « des risques pour la réputation de notre banque en étant associée à lui ». « Il ne s’agit pas seulement de Coutts/Natwest. Depuis que j’ai appris que mes comptes allaient être fermés, j’ai été refusé par dix autres banques », a affirmé mercredi dernier Nigel Farage. Sur Sky News ce mercredi matin, il a aussi dénoncé une « culture » au sein du secteur bancaire, « où ils vont bien plus loin que d’être des banques », « ils ont à présent pris une série de positions politiques, et semblent vouloir être des arbitres moraux ».

Quelles ont été les réactions politiques ?

La décision de la banque Coutts, et les justifications parues dans le Mail Online, ont enflammé les conservateurs au pouvoir. « Ce n’est pas bien. Personne ne devrait être interdit d’utiliser des services de base en raison de ses vues politiques. La liberté d’expression est la pierre angulaire de notre démocratie », a affirmé le Premier ministre Rishi Sunak mercredi dernier. Le ministre de l’Energie Grant Shapps a dénoncé une décision « honteuse » de la banque tandis que la ministre de l’Intérieur Suella Braverman a estimé qu’il s’agissait d’un « scandale ».

Le gouvernement a annoncé vouloir durcir les règles permettant aux banques de fermer les comptes de leurs clients. En vertu de ces nouvelles règles, une banque devra désormais justifier toute fermeture de compte et donner un préavis de 90 jours au client concerné afin qu’il puisse déposer un recours ou trouver un nouvel établissement. « Les banques occupent une place privilégiée dans notre société et il est normal que nous équilibrions les droits des banques à agir dans leur intérêt commercial et le droit de chacun à s’exprimer librement », a affirmé jeudi le secrétaire d’Etat au Trésor Andrew Griffith, cité dans un communiqué.

Que vient faire la démission d’Alison Rose dans cette histoire ?

Une semaine après le début de cette polémique, la directrice générale du groupe bancaire britannique NatWest Alison Rose a démissionné « avec effet immédiat » ce mercredi. Elle était directrice de l’entreprise depuis 2019 et y avait travaillé pendant plus de 30 ans. Elle comptait parmi les rares femmes à diriger l’une des entreprises du FTSE 100, l’indice phare de la Bourse de Londres.

Alison Rose a reconnu dans un communiqué qu’elle était la source du journaliste de la BBC Simon Jack et a reconnu « une grave erreur de jugement » en évoquant avec lui « les relations de Nigel Farage avec la banque » tout en « pensant que c’était connu du public ». Suite à cet entretien, la BBC avait suggéré que ce n’est pas en raison de ses opinions politiques que les comptes de l’ancien eurodéputé ont été fermés, mais car il n’avait pas les fonds suffisants pour rester client du prestigieux établissement bancaire. La BBC a aussi présenté ses excuses à Nigel Farage.

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