A Rhodes, les touristes épargnés par les mégafeux affrontent une chaleur « insoutenable, même à l’ombre »

Depuis neuf jours, des mégafeux de forêts menacent la très touristique île de Rhodes. Sur cette île de l’archipel grecque du Dodécanèse en mer Egée, au moins 11.000 hectares sont partis en fumée, selon des estimations provisoires de l’ESA émises lundi. Sur place, 30.000 personnes ont été évacués la semaine dernière. D’autres, comme Anne-Sophie, 50 ans et son mari Stéphane, tentent de profiter de leurs vacances.

Depuis leur petit hôtel dans la ville Archangelos, pour l’instant, les flammes semblent ne pas les menacer. « Nous sommes à 15 kilomètres de l’incendie », raconte la touriste tout droit venue de Marseille. De jour, peu d’indices qu’un large incendie est en cours à quelques kilomètres de leur lieu de vacances. Mais le soir, Anne-Sophie et Stéphane peuvent observer dans le ciel orangé des colonnes de fumées. « Pour l’instant, nous n’avons pas reçu l’ordre d’évacuer, les flammes ne se dirigent pas vers notre hôtel », explique la touriste. Et pas question d’ignorer la progression des incendies. Mais « nous n’avons aucunes informations des autorités locales ». « Le premier soir où nous sommes arrivés, en pleine nuit, les téléphones ont sonné. La Sécurité civile grecque annonçait qu’il fallait évacuer un village, ce n’était pas le nôtre. Et depuis, personne ne nous informe. »

Une chaleur étouffante

Branché sur France 24 et France Info, le couple français est dans l’attente. « Ce week-end, nous sommes allés sur une plage à Lindos. Là-bas, nous voyions des nuages de fumée. » Quelques heures plus tard, le village était évacué. « Mais ce n’est pas la peur du feu qui nous a fait partir de la plage. Je suis Marseillaise ! J’ai l’habitude des incendies. Mais c’était la chaleur intenable », souffle Anne-Sophie.

Depuis plusieurs semaines, le sud de l’Europe est confronté à un important épisode caniculaire. « Nous vivons les répercussions de la crise climatique », avait jugé le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis lors du dernier Conseil des ministres. « Nous avons devant nous un été difficile ». Le pays, pourtant coutumier des vagues de chaleur estivales, connaît l’une des plus longues canicules de ces dernières années, selon des experts de l’EMY.

D’après les experts, les fortes températures combinées à des vents forts allant parfois jusqu’à 60 km/heure ont provoqué les feux de forêts sur l’île de Rhodes. Et en raison des incendies, Anne-Sophie et Stéphane racontent subir deux heures de coupures d’électricité par jour et des coupures d’eaux à raison de trois heures quotidiennement.

Sur le qui-vive

Pour Anne-Sophie, le plus dur, c’est bel et bien les températures extrêmes. Photos du thermomètre de sa voiture à l’appui, elle nous chiffre les différentes températures vécues. 40 °C mercredi à 19h34, 50 °C mardi à 13 heures, 51 °C lundi à 14 heures. « Je n’avais jamais vu ça de ma vie. C’est insupportable. Je suis Marseillaise, j’aime le chaud. Mais là, nous nous sommes demandé si l’on devait rentrer, non pas à cause du feu, mais à cause de la chaleur. On se croirait dans la Vallée de la Mort. »

Photos des températures et du soleil couchant sur l'île de Rhodes prises par le couple de touristes
Photos des températures et du soleil couchant sur l’île de Rhodes prises par le couple de touristes – ASD

La touriste explique même avoir eu un malaise dimanche à cause de la chaleur. « Nous alternons entre la clim et la piscine. Mais même dehors, à l’ombre, c’est insoutenable ! On ne reste qu’à l’hôtel. »

Et malgré l’incendie et les fortes chaleurs, les touristes françaises comptent tout de même finir leurs vacances. « Nous avons même des amis qui doivent nous rejoindre dans deux semaines », relativise Anne-Sophie. Les touristes restent cependant à l’affût. « L’ambiance dans l’hôtel est plutôt calme ces derniers jours. Nous avons juste vu un couple d’Anglais il y a deux jours partir en catastrophe, complètement paniqués. Ils ont sorti leurs valises en disant ”We go back”. Nous, nous avons décidé de préparer une valise de secours au cas où il faille partir très vite ». Car sur l’île, en raison de la forte intensité des vents en ce moment, les autorités peuvent à tout moment mettre un point final aux vacances du couple marseillais.


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