Une zone d’attente pour étrangers de l’aéroport « infestée par les punaises de lit »

« Infestée par les punaises de lit », la zone d’attente de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle ne verra plus les bénévoles de l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé). Selon l’association, la situation « ne cesse de se dégrader », ce qui la « contraint de suspendre ses missions d’intervention » sur place, a-t-on appris ce jeudi.

L’Anafé intervient dans les zones d’attentes où patientent les personnes qui n’ont pas été autorisées à entrer sur le territoire français. D’habitude présente aux côtés de la Croix-Rouge, l’Anafé met fin à son accompagnement juridique en présentiel, mais conserve sa permanence téléphonique.

Des insectes buveurs de sang

L’infestation par les punaises de lit, ces petits insectes qui se nourrissent principalement de sang humain, peut entraîner différentes conséquences psychologiques voire psychiatriques (troubles du sommeil, anxiété, sentiment de panique), soulignait l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un rapport publié mi-juillet.

Des mesures ont été prises à Roissy (création d’une buanderie, désinfection des chambres à la vapeur sèche) mais elles sont jugées inefficaces par l’Anafé, en raison du taux d’occupation élevé des chambres de cette zone (jusqu’à 120 personnes au cours des dernières semaines, selon l’association).

La directrice de l’Anafé, Laure Palun, réclame « une modification du protocole ». « S’il y a une infestation de nuisibles dans un lieu d’enfermement, il appartient à l’administration de le fermer le temps que le problème soit éradiqué », a-t-elle déclaré à l’AFP. Elle a effectué plusieurs signalements auprès du juge des libertés et saisi, entre autres, la direction centrale de la police aux frontières et le ministère de l’Intérieur, a-t-elle ajouté.

Des étrangers « contraints de dormir dans le couloir »

Jeudi, 66 étrangers dont 4 enfants étaient dans la zone d’attente de Roissy, selon l’Anafé. L’avocate Sonia Boundaoui, qui a rencontré le 22 juillet trois ressortissants marocains maintenus dans cette zone, raconte : ils étaient « maculés de piqûres » et « m’ont expliqué que cela faisait trois fois qu’ils changeaient de chambre, qu’ils ne dormaient plus et qu’ils avaient été contraints de dormir dans le couloir ».

Lors d’une audience pour statuer sur la prolongation de leur maintien en zone d’attente, le juge des libertés et de la détention a considéré que « si l’exposition (était) particulièrement désagréable, les conséquences (tant dans la durée que physiquement) ne sont pas telles qu’elle soit susceptible de constituer une atteinte au droit à la vie et à la santé ou un traitement inhumain et dégradant », poursuit-elle. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’avait pas encore donné suite.

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