une centaine de ressortissants français attendent d’être évacués à l’aéroport de Niamey

Une centaine de ressortissants français attendaient devant l’aéroport international Diori-Hamani de Niamey mardi 1er août en début d’après-midi. Des premiers vols sont organisés par la France pour évacuer ses ressortissants, près d’une semaine après le coup d’Etat au Niger, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

Selon l’AFP, les ressortissants français sont les seuls voyageurs à l’aéroport. Ils sont arrivés dans des véhicules privés, avec des petits sacs, comme demandé par le consulat qui les a informés mardi à l’aube de l’organisation d’une évacuation basée sur le volontariat. « Compte tenu de la situation à Niamey, des violences qui ont eu lieu contre notre ambassade avant-hier et de la fermeture de l’espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens, la France prépare l’évacuation de ses ressortissants et des ressortissants européens qui souhaiteraient quitter le pays », indique un communiqué du Quai d’Orsay.

Trois avions, dont deux Airbus A330 d’une capacité chacun de plus de 200 passagers, ont quitté le sud de la France à destination de l’aérodrome civil de Niamey, a précisé dans l’après-midi à la presse l’état-major des armées françaises.

Un message envoyé plus tôt dans la journée aux Français du Niger affirmait que « cette opération d’évacuation (…) a fait l’objet d’une coordination avec les forces nigériennes ». La police nigérienne est en effet présente à l’aéroport aux côtés d’une vingtaine de soldats français en tenue civile ou militaire, qui précisent que l’embarquement se fera comme « dans un aéroport classique ».

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Quelque six cents Français se trouvent actuellement au Niger. Plusieurs d’entre eux ont déclaré à l’AFP qu’ils ne souhaitaient pas, pour le moment, quitter le Niger. D’autres, en mission ponctuelle au Niger, sont déjà en train de faire leurs valises. Beaucoup de ressortissants résidents permanents au Niger sont en dehors du territoire, notamment ceux avec enfants, en cette période de vacances scolaires.

Le gouvernement français n’était pas en mesure de dire si l’opération se déroulerait sur plusieurs jours, ne sachant pas encore combien de ressortissants souhaitaient quitter le pays. Quant aux militaires français postés au Niger, leur évacuation « n’est pas à l’ordre du jour », a fait savoir mardi l’état-major des armées.

« Il ne faut pas tomber dans le panneau »

Le ministère des affaires étrangères allemand a recommandé dans la journée à tous ses ressortissants à Niamey – moins de cent personnes, qui ne travaillent ni pour l’ambassade ni pour l’armée – d’accepter l’offre d’évacuation proposée par la France. L’Italie a elle aussi annoncé se tenir prête à évacuer, par un avion spécialement affrété, ses ressortissants de Niamey, soit quelque 90 personnes sur un total d’un peu moins de 500 Italiens vivant au Niger, dont la plupart sont des militaires.

Les Etats-Unis, dont un millier de soldats se trouvent dans le pays au titre de la lutte antidjihadiste, n’ont pas pris, pour l’instant, la décision d’évacuer leurs ressortissants, a fait savoir mardi la Maison Blanche. « Nous n’avons aucune indication de menaces directes visant des citoyens américains ou nos installations », a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby.

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Lundi, les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger et renversé le président élu Mohamed Bazoum ont accusé la France de vouloir « intervenir militairement », ce que Paris a démenti. « C’est faux », a déclaré la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, sur BFM-TV. « Il faut démonter les intox et ne pas tomber dans le panneau », a-t-elle également dit à propos des slogans antifrançais qui ont fleuri lors d’une manifestation devant l’ambassade de France à Niamey dimanche.

Devant l’ambassade de France, lors d’une manifestation qui a suivi un rassemblement de soutien à la junte nigérienne, à Niamey, le 30 juillet 2023.

A cette occasion, des milliers de personnes ont voulu entrer dans l’ambassade, avant d’être dispersés par des tirs de grenades lacrymogènes. Les putschistes nigériens ont précisé que ces tirs avaient fait « six blessés, pris en charge par les hôpitaux » de la capitale. Emmanuel Macron avait menacé dimanche de répliquer « de manière immédiate et intraitable » à toute attaque contre les ressortissants français et les intérêts de la France au Niger. Mardi, les rues sont désertes à Niamey, en raison d’une pluie battante, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Pas de risque » pour l’approvisionnement en uranium

Lundi soir, Ouagadougou et Bamako ont affirmé que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays et « entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cedeao [Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest], ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger ».

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Les voisins ouest-africains du Niger avaient menacé dimanche d’utiliser « la force » si le président Bazoum n’était pas rétabli dans ses fonctions d’ici sept jours, une décision soutenue par les partenaires occidentaux de Niamey, dont la France, ex-puissance coloniale dans la région du Sahel minée par les violences djihadistes.

Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium. La Commission européenne a estimé mardi qu’il n’y avait « pas de risque » pour l’approvisionnement en uranium de l’UE après le putsch au Niger, pays représentant un quart des approvisionnements des Européens, en raison des stocks déjà constitués.

Miné par les attaques de groupes liés à l’organisation Etat islamique et à Al-Qaïda, le Niger est le troisième pays de la région à subir un coup d’Etat depuis 2020, après le Mali et le Burkina Faso.

Le Monde avec AFP

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