“un deuil qui ne se terminera jamais”, selon le petit ami de la victime

Nicolas Zepeda est jugé devant la cour d’appel de Vesoul (Haute-Saône) du 4 au 22 décembre 2023. Il est accusé de l’assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon. Le petit ami et la famille de la victime doivent être interrogés. Suivez les échanges de ce 7e jour comme si vous y étiez.

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L’audience est suspendue 15 minutes.

11h28 : “Aviez-vous déjà eu un froid avec Narumi Kurosaki ?”, demande le président à son petit ami de l’époque. “Oui des petits accrocs, on peut dire ça comme ça. Un jour où elle semblait avoir dîné avec un homme qui était un de ses responsables de l’université. Je n’étais pas très content à ce sujet”, répond Arthur Del Piccolo, toujours aussi calme face aux multiples questions du président. 

11h : La cour s’intéresse toujours aux échanges numériques entre Arthur Del Piccolo et Narumi Kurosaki, ou en tout cas en provenance de ses appareils. L’enquête prouve que l’identité de la victime a été usurpée à un moment donné, après sa mort, par Nicolas Zepeda. Mais à quel moment exactement, le 5 décembre au matin ? C’est ce qu’essaie de déterminer précisément le président. “À quelle date êtes-vous rentré dans la chambre de Madame Kurosaki passée la date du 5 décembre ?”, demande le président. “Je suis entré le 13 décembre et c’est la seule fois où je suis rentré pour trouver des indices, me rassurer, je ne sais pas”, répond Arthur Del Piccolo. Le président, d’un ton parfois un peu sec, lui demande de répéter certaines choses déjà dites. 

10h46 : Des messages d’amour échangés entre les deux amoureux le jour de sa disparition sont lus par le président. D’autres échanges numériques sont disséqués par la cour. Arthur Del Piccolo est invité à réagir à ces derniers. “Est-ce que vous entendez quelque chose dans la chambre de Narumi Kurosaki ?”, demande François Arnaud au sujet de cette scène incroyable, durant laquelle plusieurs amis de la jeune femme se trouvent devant sa chambre 106, alors que son ex-petit ami est présent et potentiellement caché à l’intérieur avec son corps. “Non”, dit Arthur Del Piccolo. À ce moment-là, ce dernier reçoit un mail de la part de la victime, ou en tout cas de la part de sa boîte mail. Cela dissuadera les amis d’entrer dans la chambre. Si Nicolas Zepeda est bel et bien l’auteur de ce mail, comme le pense l’accusation, cette action lui a permis d’éviter d’être démasqué.

10h19 : Le président François Arnaud demande à Arthur Del Piccolo s’il avait conscience d’être le premier suspect de la police au départ. “Non, je comprends juste que vu que je suis très proche il faut vérifier ce qu’il y a sur mon portable, mon PC, j’ai tout donné et ensuite j’ai compris quelques jours plus tard. Mais sur le moment non je n’y ai pas pensé”, répond Arthur Del Piccolo, devant lequel est disposée une boîte de mouchoirs. François Arnaud en vient ensuite à la conception d’une liste à charge contre Nicolas Zepeda et à un document rapportant les derniers instants de la victime par Arthur Del Piccolo. Ce dernier s’exprime clairement et avec précision à la barre. “Pourquoi vouliez-vous prouver que c’était Nicolas Zepeda ?”, demande le président. “Je savais qu’elle avait eu une relation toxique avec quelqu’un qui voulait la contrôler, lui gâcher son séjour en France. Donc pour moi, bon ça pouvait être quelqu’un [de suspect]”, répond-il, précisant pourquoi il utilise le terme toxique pour qualifier la relation entre l’accusé et la victime. Jérémy B., témoin entendu la semaine dernière, est cité plusieurs fois dans les échanges pour le rôle qu’il a joué avec Arthur Del Piccolo pour dresser une liste à charge contre l’accusé. 

Si je n’avais pas fréquenté Narumi en septembre, ou si j’avais insisté pour la voir le dimanche 4 au soir, peut-être qu’on n’en serait pas là aujourd’hui… Peut-être qu’elle serait vivante…

Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki

10h04 : “Il existe toujours quelque part au fond de moi ma relation avec Narumi”, le jeune homme fond à nouveau en larmes. Le silence dans la salle est total. Deux jurés essuient leurs larmes et ils ne sont pas les seuls. “J’ai beaucoup de remords sur ce que j’aurais pu mieux faire, ou plus… Ma mère est la première à me faire savoir que ça n’était pas ma faute, mais dans la vie il y a parfois des choses difficiles à se pardonner soi-même. Si je n’avais pas fréquenté Narumi en septembre, ou si j’avais insisté pour la voir le dimanche 4 au soir, peut-être qu’on n’en serait pas là aujourd’hui… Peut-être qu’elle serait vivante… Je ne sais pas.” Les questions sont à présent à la cour.

9h57 : “Mardi 13 décembre, tout a changé. Vers 12h je demande à entrer dans la chambre de Narumi avec la femme de ménage. Je commence à m’affoler puisqu’il y a son manteau, son écharpe et sa carte de bus. J’ai contacté les responsables de l’université. Le soir même Narumi a été inscrite dans le registre des personnes disparues. À partir de ces jours-là, c’était devenu pour moi une sorte de course contre la montre pour essayer de rassembler un maximum d’indices et d’éléments qui pourraient nous mener à la localisation de Narumi”, poursuit Arthur Del Piccolo à la barre. Il explique avoir collaboré avec la police et indiqué évidemment la piste de Nicolas Zepeda avec qui la victime entretenait “par le passé une relation toxique”. Le jeune homme rapporte ensuite la journée durant laquelle la police lui annonce que sa petite amie est morte, que Nicolas Zepeda est le suspect numéro 1 et qu’il se trouve au Chili. “J’ai presque fait un black out. Je voulais pas le croire, dit-il, la gorge serrée. Voilà l’histoire de Narumi et moi, jusqu’à la fin, le 4 décembre 2016″.

9h54 : Le jeune homme détaille ensuite les messages qu’il a reçus la journée de la disparition de l’étudiante japonaise, le 5 décembre 2016, au moment où Nicolas Zepeda se serait trouvé dans la chambre de la Japonaise avec son corps. “J’apprends qu’il y a eu un cri strident dans la nuit du dimanche au lundi [dans la résidence universitaire]. C’était le cadet de mes soucis car on recevait des messages de sa part le lundi 5 décembre. J’essaie de l’appeler sur Messenger et ça ne répond pas. Je réessaie tout de suite et là le téléphone est éteint. On attend, on attend, on est 5, 6 personnes inquiètes devant la porte 106. Et à 23h on se dit que c’est très inquiétant. On veut ouvrir la porte. Et je reçois un mail à ce moment-là, je suis rassuré mais je n’ai pas envie de m’étendre sur le contenu de ce mail. Je dis simplement qu’elle a l’air d’aller bien et qu’il ne faut plus s’inquiéter pour sa santé. C’était devenu une affaire personnelle, du moment où elle m’a expliqué qu’elle avait rencontré quelqu’un ce jour même et qu’elle avait passé la journée avec cette personne. Je lui ai demandé si elle comptait rentrer ce soir, et elle m’avait répondu de non. J’avais un sentiment de trahison, de colère, d’incompréhension. C’était inexplicable pour moi ce scénario, alors qu’on venait de passer le samedi une très belle journée avec des mots d’amour partout”, détaille Arthur Del Piccolo, qui vit au Japon depuis plusieurs années.

9h45 : “Dimanche 4 décembre, elle est partie de chez moi le matin. Elle avait un cours de danse vers 13h”, le jeune homme s’arrête, pris d’une vague d’émotion en rapportant les derniers moments durant lesquels il a vu Narumi Kurosaki. Il s’effondre en larmes à la barre… avant de reprendre son récit. Les sœurs et la mère de la victime pleurent également. Nicolas Zepeda reste impassible. Il le fixe en écoutant son récit.

9h41 : Un jour Arthur Del Piccolo trouve Narumi Kurosaki en train de pleurer dans une laverie du Crous. Ils ont 21 ans à cette époque. La Japonaise se confie rapidement à lui concernant une relation difficile qu’elle entretient à distance avec Nicolas Zepeda. Les deux jeunes se rapprochent réellement en septembre 2016. En novembre, Narumi Kurosaki lui explique que son ex-petit ami a peut-être l’intention de venir en France, “pour venir la raisonner concernant son choix de casser la relation”. “Narumi et moi on était un couple très actif. On avait beaucoup de projets, de désirs de voyages. On avait acheté des billets d’avion pour passer Noël ensemble dans ma famille. C’était la première fois que j’allais introduire une petite amie dans ma famille”, continue Arthur Del Piccolo. Narumi Kurosaki et Arthur Del Piccolo passeront trois mois ensemble. La nuit du 3 au 4 décembre 2016, ils étaient ensemble et coulaient un parfait amour selon Arthur Del Piccolo.

9h28 : “J’ai conscience d’avoir été au cœur des débats, dans la souffrance, dans la douleur, les regrets, les remords, avec un deuil qui ne se terminera jamais vraiment. Chaque année début décembre je pense automatiquement à Narumi, aux derniers souvenirs durant lesquels on a passé des moments formidables, jusqu’au dernier jour, le 4 décembre 2016. Cela fait 7 ans jour pour jour que cela dure. On a toujours aucune réponse concrète. On ne peut les avoir que d’une personne”, débute l’homme de 28 ans, en expliquant qu’il n’a plus d’espoir d’avoir la vérité. “Je veux que le coupable soit reconnu, jugé et s’il y a une chose en commun entre Zepeda et moi c’est qu’on a confiance en la justice française”. Il remercie les enquêteurs puis souhaite raconter son histoire avec Narumi, de façon “brute, factuelle”. “On a immédiatement sympathisé” raconte le jeune homme qui parle d’une voix claire, calmement, mains croisées devant lui. Nicolas Zepeda l’écoute attentivement depuis son box, avec son casque sur la tête pour bénéficier de traductions en direct.

9h25 : C’est parti, l’audience reprend enfin. Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki au moment de sa disparition en décembre 2016 à Besançon, s’avance à la barre. Le jeune homme avait témoigné en visioconférence depuis le Japon durant le premier procès à Besançon en 2022. Cette fois-ci, il tenait à faire le déplacement. Il porte une chemise blanche et un pantalon beige. 

9h19 : L’audience n’a pas encore commencé et prend déjà du retard. Des échanges ont lieu à l’abri des regards entre les différentes parties : greffière, un interprète japonais, avocats, président, avocat général… Les interrogations commencent à monter dans la salle d’audience. Me Portejoie s’entretient avec son client à la suite de cet échange. 

9h : la mère et les soeurs de Narumi Kurosaki sont dans la salle, installées sur la première rangée de bancs, près de leurs avocats. Arthur Del Piccolo est arrivé quelques instants après au palais de justice de Vesoul. Le jeune homme est pendant ce procès la cible privilégiée des avocats de la défense. Nicolas Zepeda est dans son box. L’audience doit débuter d’une minute à l’autre.

L’audience doit débuter à 9h avec Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki au moment de sa disparition. D’abord soupçonné par la police, il a ensuite été mis hors de cause. Ensuite, la mère et les sœurs de la victime seront appelées à la barre. En première instance, leurs témoignages et la souffrance dont elles avaient témoigné face à la cour avaient profondément marqué les esprits.

Ce lundi, une deuxième semaine de procès en appel s’est ouverte pour Nicolas Zepeda à Vesoul. Le Chilien est accusé de l’assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki en décembre 2016, alors qu’elle étudiait à Besançon. La journée fut particulièrement dense avec le témoignage d’une ancienne amie de l’accusé. Cette dernière a porté à la connaissance de la cour des échanges étranges qu’elle a eus avec Nicolas Zepeda, qu’elle considérait comme son “grand frère”, notamment pour effectuer des traductions de messages. Ces mêmes messages ont été envoyés depuis le portable de la victime, dont l’accusé aurait usurpé l’identité après sa mort pour faire croire à ses proches qu’elle était encore vie.

Autre moment marquant, lorsqu’un médecin légiste a donné des informations techniques pouvant corroborer la thèse de l’étouffement ou de la strangulation de la victime, puis le transport de son corps potentiel dans une valise. Pas de trace de sang sur la scène de crime, dans la chambre 106 de la résidence universitaire de la Bouloie à Besançon ? “Oui c’est tout à fait possible”, a expliqué Christian R. Ensuite, le Chilien qui fêtait ce 11 décembre ses 33 ans, a été interrogé sur quelques points, à nouveau poussé par son propre avocat à admettre certains points. En vain. Une situation insupportable pour la mère de Narumi Kurosaki, toujours présente à Vesoul. En fin de journée, elle a dû être évacuée de la salle d’audience alors qu’elle était en proie à une violente réaction de détresse.

Nicolas Zepeda, qui clame depuis le début son innocence, a été condamné à 28 ans de réclusion lors de son procès en première instance, à Besançon, en avril 2022. Le corps de la victime n’a jamais été retrouvé malgré des années de recherches. Le Chilien risque une peine de réclusion à perpétuité. 

► Découvrez le 6e jour du procès de Nicolas Zepeda, minute à minute, dans cet article.

ARCHIVES. De la disparition de Narumi Kurosaki à la condamnation en première instance de Nicolas Zepeda pour assassinat :

Du 4 au 22 décembre 2023, suivez en direct les débats en cours à l’intérieur de la salle d’assises du procès en appel de Nicolas Zepeda à Vesoul. Rendez-vous chaque matin sur l’article “DIRECT” de notre site internet.

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