Un algorithme pour aider les hôtels à s’adapter aux handicaps

Le même scénario se répète souvent. Une personne en situation de handicap réserve un logement ou une chambre d’hôtel prétendument accessible. Puis, une fois sur place, c’est la désillusion. « Je reçois de nombreux témoignages tous les jours. Il y a un problème de fiabilité de l’information », constate Nicolas Mérille. Le dernier en date, un hôtel « accessible » avec trois marches pour accéder à la salle du petit-déjeuner.

2.900 logements accessibles en Île-de-France

« La Mairie de Paris et l’office de tourisme estiment que sur toute l’Île-de-France, il y aurait environ 2.900 logements accessibles », déplore le conseiller national Accessibilité chez APF France handicap. À un an des Jeux, où sont attendus 350.000 spectateurs en situation de handicap, Nicolas Mérille est inquiet. Guillaume Boulaton, fondateur et gérant de Toolib, une plateforme qui regroupe des centaines de logements adaptés dans toute la France, partage le même constat : « C’est un vrai challenge. En dix mois, il ne sera pas possible de construire des chambres adaptées partout en Île-de-France ».

Mais il a une autre carte à jouer. Il mise sur Toolib Partner pour faciliter l’hébergement de personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap, grâce à des partenariats avec des grands groupes hôteliers. « Nous leur donnons accès à notre algorithme pour qu’ils puissent comprendre les besoins de leurs clients et mieux y répondre », détaille Guillaume Boulaton. Cet outil clés en main permet aux clients de détailler leur handicap et de savoir quel équipement est nécessaire pour que la chambre d’hôtel soit adaptée. Le matériel, validé par des ergothérapeutes, est ensuite directement commandé via Toolib.

Encore peu d’offres sur Paris

« Toutes les personnes en situation de handicap ne sont pas en fauteuil. Pour certains, la location d’un siège ou d’une barre de maintien dans la douche suffit pour que leur chambre soit adaptée », explique Guillaume Boulaton. Mais Toolib ne peut rattraper le retard seul. La plateforme devrait avoir une incidence sur « 10 % des 350.000 spectateurs attendus ».

D’autres solutions existent : Yoola, une agence de voyage dédiée au public en situation de handicap. Et Airbnb, qui propose désormais un onglet « logement adapté ». Mais il y figure très peu d’offres sur Paris et l’Île-de-France. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, Guillaume Boulaton reste optimiste : « Nous voyons l’impact fort que l’on pourrait avoir sur la capacité des hôtels à mieux comprendre et accueillir les personnes en situation de handicap. »

« Le transport est un vrai défi pour l’organisation des Jeux »

C’est acté. À 200 mètres de chaque site olympique et paralympique se trouvera un dépose-minute pour faciliter l’accès des personnes en situation de handicap aux Jeux de 2024. « C’est une distance raisonnable », reconnaît Nicolas Mérille, conseiller national Accessibilité chez APF France handicap. À l’automne, il était question d’une distance d’un kilomètre. « À un an et demi des JO, nous craignions qu’un scénario catastrophe se dessine, mais notre tribune publiée dans Le Monde en février a permis de faire réagir les pouvoirs publics et les organisateurs », poursuit-il. En avril dernier, la Délégation interministérielle aux Jeux olympiques et paralympiques a créé un groupe d’experts d’usage.

« Il faut que les solutions aient un intérêt et un réel impact. Quand on n’est pas en situation de handicap, on peut penser qu’on a une idée géniale, alors qu’elle n’est pas forcément adaptée », explique Ludivine Munos, responsable de l’intégration paralympique et de l’accessibilité à Paris 2024.

Des navettes gratuites partiront donc des gares parisiennes et de la station Rosa Parks pour rejoindre l’ensemble des sites. Le gouvernement a aussi mis en place une aide pour qu’un millier de taxis supplémentaires, adaptés aux fauteuils électriques, circulent à Paris. « Pour l’instant, 481 dossiers ont été déposés à la préfecture », rapporte Nicolas Mérille. « Le transport est un vrai défi pour l’organisation des Jeux, admet Ludivine Munos. Nous avons réfléchi à des solutions pour intégrer les personnes en situation de handicap sur des sites symboliques de Paris ». De son côté, Nicolas Mérille attend des Jeux un électrochoc : « en quarante-huit ans, il y a eu trois lois sur l’accessibilité ». Aucune n’est appliquée.

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