Tout comprendre à l’évacuation d’urgence des Français

Un dispositif d’urgence face au danger grandissant. Depuis la destitution du président Mohamed Bazoum par sa garde présidentielle le 26 juillet dernier, la situation politique est explosive au Niger. Dans ce contexte, le Quai d’Orsay a organisé l’évacuation de quelque 600 Français installés dans ce pays du Sahel, qui ont émis le souhait de partir. Comment s’organisent ces évacuations ? L’Etat français a-t-il obtenu des garanties concernant les Français qui souhaitent rester au Niger ? On fait le point sur la première grande évacuation massive organisée par Paris au Sahel.

Combien de Français ont été rapatriés à Paris ?

Sur les 1.200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, environ 600 d’entre eux ont émis le souhait de rentrer en France. Pour les évacuer, le Quai d’Orsay a prévu quatre avions. Pour l’heure, deux avions se sont posés à Paris. Le premier appareil a atterri mardi soir à Roissy avec « 262 personnes, dont une douzaine de bébés », a indiqué à l’AFP la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. Dans la nuit de mardi à mercredi, un deuxième avion s’est posé sur le sol français avec « 234 personnes à son bord », selon une source aéroportuaire.

Plus de 350 Français ont été évacués, tandis que des hommes et femmes d’autres nationalités (Indiens, Canadiens, Américains, Belges) ont également pris place dans les avions français. L’Etat français a annoncé sa volonté d’achever ce mercredi ses opérations d’évacuations.

« Ça fait du bien », a déclaré, soulagée, Raïssa Kelembho, rentrée du Niger avec ses deux garçons. « A un moment donné, il y a eu une sensation d’insécurité, on savait que tout pouvait basculer », a expliqué à l’AFP la mère de famille, dont le mari est resté au Niger pour le travail.

Comment Paris justifie les évacuations ?

« Notre priorité va à la sécurité de nos ressortissants sur place. C’est pour cela que nous avons décidé, comme l’a indiqué la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères [Catherine Colonna], de lancer une opération permettant aux Français et aux Européens qui le souhaiteraient, de quitter le pays par les moyens aériens que nous mettons à leur disposition », a précisé le quai d’Orsay dans un communiqué. Concrètement, la France a justifié l’évacuation par les « violences qui ont eu lieu » contre son ambassade dimanche après une manifestation hostile, et par « la fermeture de l’espace aérien du Niger ».

Dans la nuit de mardi à mercredi, Niamey a annoncé la réouverture de son espace aérien et de ses frontières terrestres avec l’Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali et le Tchad, cinq pays frontaliers. Une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est actuellement au Niger pour « négocier » avec les putschistes. Selon l’organisation, l’intervention militaire est la « dernière option » mais il faut se « préparer à cette éventualité ».

Comment Paris compte protéger les Français restés sur place ?

Pour les 600 Français ayant exprimé la volonté de rester sur place, le Quai d’Orsay indique dans un communiqué que l’ambassade « continue de travailler au Niger et demeure mobilisée pour leur sécurité ». Par ailleurs, l’évacuation des militaires français postés au Niger n’est « pas à l’ordre du jour », a indiqué à la presse l’état-major des armées françaises.

A Niamey, la junte a accusé lundi la France de vouloir « intervenir militairement », ce que Paris a démenti. Pour l’heure, les autres pays occidentaux ont adopté des positions différentes. Comme la France, l’Italie a également organisé l’évacuation d’une centaine de ses ressortissants, alors que les Etats-Unis n’ont pas pris de décision en ce sens pour le moment. Un mouvement pro putschiste a appelé à un rassemblement pacifique quotidien près de l’aéroport « jusqu’au départ définitif des forces étrangères ».


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