Test de Xenoblade Chronicles 3 sur Switch par jeuxvideo.com

Quel incroyable parcours que celui de la série Xenoblade Chronicles. Pour bien s’en rendre compte, il faut se souvenir qu’au départ, le premier Xenoblade Chronicles sorti en 2010 sur Wii au Japon n’aurait jamais dû quitter les frontières de l’archipel nippon. Finalement, ce n’est que grâce à la mobilisation massive des joueurs occidentaux à travers une pétition appelée Opération Rainfall que le titre a été localisé, avec deux autres jeux de rôle de la console, à savoir Pandora’s Tower et The Last Story développé par Mistwalker, studio créé par Hironobu Sakaguchi, papa de Final Fantasy.

Aujourd’hui, Xenoblade Chronicles est devenu l’une des licences importantes de Nintendo. Pour preuve, le second épisode a été l’un des premiers jeux majeurs à sortir sur Switch lors de son année de lancement, tandis que Monolith Soft, le studio derrière la saga, a beaucoup aidé au développement de The Legend of Zelda : Breath of the Wild grâce à leur expérience sur les mondes ouverts. Enfin, on peut aussi citer le fait que Shulk, le protagoniste du jeu original, ainsi que Pyra et Mythra, les héroïnes du second opus, sont des personnages jouables dans Super Smash Bros. Ultimate. C’est donc sans trop de surprises que Nintendo a donné son feu vert aux développeurs pour produire ce Xenoblade Chronicles 3 qui avait l’air particulièrement ambitieux lors de sa première présentation au cours d’un Nintendo Direct en février.

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Un scénario riche en émotions et rebondissements

Alors que les deux épisodes précédents se déroulaient dans des mondes différents, Xenoblade Chronicles 3 se présente comme prenant place “dans l’avenir commun à ces deux autres titres de la série” d’après la communication de Nintendo. Pour autant, si vous n’avez pas fait ces derniers, soyez rassuré puisque l’aventure est parfaitement compréhensible sans avoir complété les jeux d’avant. Et si les nouveaux joueurs passeront à côté de quelques références, les fans de la saga seront ravis de retrouver certains visages connus déjà aperçus dans les trailers. Pour ce qui est de l’histoire, l’action du titre se déroule dans le monde d’Aionios où deux nations, Keves et Agnus, se livrent une guerre sans fin pour récupérer l’énergie vitale de leur adversaire. Dans chaque camp, les soldats combattent pendant dix “périodes”, c’est-à-dire dix ans, à la fin desquels ils sont remerciés pour leur service par une cérémonie appelée le Grand Retour.

Dans ce contexte de conflit perpétuel, on incarne Noah, un passeur d’âmes de Keves, accompagné de ses camarades de toujours Lanz et Eunie dont le rôle est de guider l’énergie de ceux tombés au combat. Alors que nos héros arrivent au bout de leur service, ils vont participer à une mission particulière au cours de laquelle ils vont affronter une escouade d’Agnus, la faction rivale, composée de Mio, elle aussi une passeuse d’âmes, Sena et Taion. Par un concours de circonstances, tous ces personnages finissent par acquérir le pouvoir des Ouroboros après une lutte acharnée. À cause de leur nouvelle nature, ces ennemis d’hier vont devoir coopérer pour survivre puisqu’ils sont désormais poursuivis par leur propre camp, et donc seuls contre tous. Leur unique indication : suivre les conseils de Vandham, l’homme qui leur a donné ces pouvoirs, et rejoindre un lieu nommé La Marche de l’Épée afin de comprendre la vraie nature de ce monde et lutter contre les Moebius, des êtres mystérieux.

Vous l’aurez compris à la lecture de ces quelques lignes, mais le scénario de Xenoblade Chronicles 3 est bien plus sombre et mature que la légèreté de ton que l’on retrouvait dans le second épisode. Avec en toile de fond ce conflit interminable, on est plus proche des thématiques du jeu original, avec des questionnements autour de la guerre, la mort et la valeur de la vie. Et pour preuve du côté sérieux de l’intrigue, sachez que les Nopons, ces petites créatures qui font presque office de mascottes de la saga, sont ici beaucoup moins insupportables que dans Xenoblade Chronicles 2 et sont même sérieux comme en témoigne le personnage de Riku. De manière générale, le casting des protagonistes est très réussi car Noah, Mio et leurs compagnons sont très attachants et bien développés, tout en s’éloignant pas mal des archétypes d’anime qu’on voyait dans l’opus précédent.

Et si l’histoire parvient à être aussi prenante et efficace, c’est également parce que le titre prend son temps pour présenter correctement son intrigue. Certes, par moment, on se retrouve face à des tunnels de cinématiques de plusieurs dizaines de minutes au cours desquels on ne touche pas la manette. Cependant, ces dernières sont particulièrement bien mises en scène, autant les séquences d’action que d’émotions, ce qui fait qu’on suit l’intrigue avec attention notamment lors que Noah et Mio guident les âmes des morts avec leur mélodie. Des séquences d’ailleurs sublimées grâce à une bande-son toujours somptueuse, qui propose aussi bien des thèmes tragiques que dynamiques en fonction de la situation. Finalement, Xenoblade Chronicles 3 s’inscrit dans la tradition des grands jeux de rôle japonais, avec un scénario rempli de moments d’émotions et de rebondissements pour relancer constamment l’intérêt du joueur.

Des combats plus dynamiques que jamais

Pour ce qui est des affrontements, Xenoblade Chronicles 3 s’inscrit dans la lignée du second épisode, tout en ajoutant de nouvelles mécaniques qui dynamisent encore plus l’action. Dans les grandes lignes, on retrouve les bases du système de jeu de la série qui ont conduit de nombreux joueurs à le qualifier de “MMORPG offline” à la Final Fantasy XII par exemple. Ainsi, on explore comme toujours d’immenses panoramas remplis de secrets et d’éléments à récolter qui fourmillent d’animaux et de monstres. Un affrontement débute une fois que vous avez verrouillé votre cible et que votre personnage dégaine son arme. Ce dernier va alors attaquer automatiquement son adversaire tant qu’il est à portée.

Pour autant, le joueur ne reste pas passif puisqu’il dispose de plusieurs compétences qui se rechargent soit avec le temps, soit à chaque fois qu’une attaque touche, tout dépend du camp du combattant. Le positionnement occupe aussi un rôle déterminant au cours des combats car certaines capacités gagnent énormément en efficacité si elles sont utilisées en face, sur les côtés ou derrière un ennemi. En enchaînant différentes techniques dans le bon ordre, on inflige un handicap à sa cible pour qu’il ne puisse plus attaquer, en le déstabilisant, puis en le faisant chuter avant de le projeter et de le faire exploser en l’air par exemple. Enfin, en utilisant correctement ses techniques, on augmente ainsi la jauge d’art signature qui, une fois rempli, permet d’activer la compétence la plus puissante du personnage.

De cette base commune à tous les Xenoblade Chronicles, ce troisième épisode apporte certaines subtilités qui changent drastiquement la donne et rendent les affrontements plus nerveux qu’avant. En plus de l’introduction d’un bouton d’esquive, le système de feinte est sûrement la nouveauté la plus importante de cet opus. Avec cette mécanique, les compétences sont renforcées si elles sont exécutées au moment précis où une auto-attaque ou une autre capacité touche sa cible. En gros, ça rappelle les cancel des jeux de combat. Grâce à ça, le joueur est plus actif que jamais lors des affrontements et doit donc rester attentif plutôt que d’attendre sagement que ses jauges d’arts ne se remplissent. Au-delà de ça, on peut désormais changer de personnage à la volée en pleine bataille et basculer ainsi sur un gameplay différent si on se lasse ou bien d’incarner un rôle plus utile en fonction de la situation.

Si on retrouve la mécanique d’enchaînement de Xenoblade Chronicles 2, elle est ici grandement remaniée. Alors que le temps se fige, le joueur doit désormais activer les capacités de ses personnages dans le bon ordre pour augmenter le multiplicateur de dégâts au maximum et faire durer le combo le plus possible. Une attaque dévastatrice donc, à réserver face aux boss. Enfin, la dernière feature centrale du titre c’est surtout la transformation en Ouroboros qui métamorphose chaque duo temporairement en l’une de ces créatures au design qui rappellent les méchas de l’animation japonaise. Côté jouabilité, les Ouroboros se contrôlent de la même façon que les combattants en forme normale, mais infligent des dégâts monstrueux s’ils sont utilisés à bon escient avant que la surchauffe vienne mettre fin à la transformation.

Un gameplay aux mécaniques riches et complexes

La dernière grande originalité de Xenoblade Chronicles 3, c’est surtout son système de classe. Dans les menus, vous pouvez changer à tout moment la classe des personnages pour en faire un combattant (rôle qui consiste à infliger un maximum de dégâts), un protecteur (rôle qui attire l’attention des ennemis pour encaisser les coups à la place de ses alliés) ou encore un soigneur qui fait office de soutien pour rendre de la santé ou booster ses compagnons. L’intérêt derrière tout cela, c’est de permettre aux membres de votre équipe d’apprendre de nouvelles compétences pour s’en servir ensuite dans des rôles dans lesquels ils excellent. En plus des quatre techniques de base dont dipose chaque personnage, trois dont un art ultime, ils peuvent en obtenir trois de plus venant d’autres classes, ce qui fait au total sept compétences différentes utilisables en combat.

Mieux, pour renforcer vos attaques, il est plus efficace de combiner une capacité avec une autre issue d’un rôle différent afin d’augmenter les dégâts. Mais pour acquérir de nouvelles classes, sachez que l’on croise tout au long de l’aventure des héros, c’est-à-dire des personnages qui rejoignent votre groupe pour en être le septième membre, mais qui ne sont pas jouables. En accomplissant la quête de ce “héros”, ce dernier confiera sa classe à l’un de vos compagnons qui pourra l’utiliser à son tour pour en apprendre les compétences. Ses quêtes de héros sont relativement nombreuses et on a souvent envie de les faire pour la qualité de leur character design et ce qu’ils apportent à l’équipe. De manière générale, le titre est assez généreux en termes de contenu avec ses vastes environnements à explorer remplis de secrets et d’objets à récupérer, en plus des nombreuses missions annexes qu’il y a à faire. En bref, s’il vous faut une cinquantaine d’heures pour voir le bout de l’histoire en ligne droite, comptez sur plusieurs dizaines d’heures de jeu supplémentaires pour prendre votre temps et profiter de l’expérience comme il le faut.

Avec tout ça, il est clair que Xenoblade Chronicles 3 possède de nombreuses mécaniques complexes dans l’objectif de rester pertinent sur le long terme. En rendant le joueur plus réactif qu’avant grâce aux feintes, on se retrouve beaucoup moins dans la situation où l’on attend que ses capacités soient rechargées pour attaquer. Et puis, avec la possibilité de switcher de personnages à tout moment, on peut essayer plusieurs gameplays différents pour trouver celui qui nous convient le mieux. De plus, le titre a la bonne idée d’introduire régulièrement de nouvelles features, même après plusieurs dizaines d’heures de jeu, pour que le joueur ne s’ennuie jamais. Ajoutez à cela plusieurs types d’équipement pour augmenter les statistiques des membres de votre équipe et la mécanique de classes qui permet de constamment varier le gameplay, et vous avez là des combats qui se renouvellent sans cesse pour maintenir l’intérêt sur les dizaines d’heures que dure l’aventure. Bon, certes, on finit par se lasser au bout d’un moment des animations d’enchaînement un peu longues, mais en fin de partie, on a une vraie impression de puissance avec tous les outils qu’on a en main.

Une technique souvent lacunaire

Malgré toutes ces qualités, le titre souffre des mêmes défauts que ses prédécesseurs en termes de lisibilité. Avec une interface chargée en informations, six personnages qui combattent en même temps, ainsi que des effets dans tous les sens, il est parfois difficile de s’y retrouver sur le champ de bataille. Cela devient particulièrement problématique dans un jeu où le placement est si important pour être efficace. Pour compenser ces soucis, les options de zoomer et dézoomer à l’envie sont toujours de la partie, tandis qu’il est possible de faire apparaître une flèche qui indique votre position face à votre cible. Des ajouts appréciables donc, mais qui ne corrigent pas pour autant la confusion de certains affrontements.

Si Xenoblade Chronicles 3 a toutes les cartes en main pour être un excellent de jeu rôle, c’est malheureusement plus sur la partie technique que le tout pèche. En fonction de ce qui doit être affiché, la résolution d’image fluctue beaucoup d’une situation à l’autre, surtout lorsqu’on se retrouve dans de vastes environnements que l’on explore librement. Dans ces moments-là, il arrive que le rendu à l’écran manque de netteté de manière flagrante. Et si la fréquence d’affiche reste fluide tout au long de l’aventure, il arrive que cette dernière connaisse des chutes lors d’affrontement face à un grand nombre d’ennemis dans de larges panoramas. Ajoutez à cela les soucis de lisibilité évoqués plus haut, et certains passages peuvent parfois être compliqués visuellement.

Pour autant, malgré ces reproches sur le plan technique, on retrouve tout de même ce qui fait le charme des Xenoblade Chronicles, à savoir se balader à travers d’immenses environnements aux designs étonnants et originaux. Sur cet aspect-là, le titre s’inscrit dans la droite lignée de ses aînés et offre toujours un sentiment d’aventure et de liberté grandiose, avec ses environnements remplis de vie et de secrets. Une impression renforcée grâce à une bande-son une fois de plus somptueuse qui livre des compositions envoutantes lors des phases d’exploration.

Conclusion

Avec Xenoblade Chronicles 3, la Nintendo Switch accueille un nouveau jeu de rôle incontournable dans son catalogue. Loin de la légèreté de ton du second épisode, le titre livre un scénario captivant, riche en rebondissements et en émotions, aidé grâce à une bande-son de toute beauté. En reprenant les bases des deux opus précédents, le gameplay gagne en dynamisme et profite de nombreuses mécaniques efficaces et complexes, même si les combats souffrent de problèmes de lisibilité comme les autres jeux de la série. Et si l’exploration à travers de vastes panoramas reste toujours aussi agréable, ce plaisir est tout de même affecté par une technique qui affiche des lacunes visuelles à plusieurs occasions. Pas de quoi gâcher non plus cette mémorable aventure exclusive à la console hybride de Nintendo.

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