Quentin Dupieux met le jeune comédien Raphaël Quenard sur le devant de la scène

Il ne fait pas bon décevoir Yannick quand il vient vous voir jouer au théâtre. Ce jeune homme au caractère bien trempé prend la salle en otage pour réclamer un spectacle qui lui paraît mériter les frais qu’il a engagés pour cette sortie. Les films de Quentin Dupieux se suivent à un rythme accéléré sans vraiment se ressembler. Cette comédie grinçante braque ses projecteurs sur un jeune comédien, qu’on a l’impression de voir partout : Raphaël Quenard éblouissant dans le rôle-titre.

Le réalisateur l’avait déjà fait tourner dans Fumer fait tousser et Mandibules mais Yannick le met sur le devant de la scène tant au générique du film que sur celle où s’époumonent Blanche Gardin, Pio Marmaï tentant de faire rire le public clairsemé avec un vaudeville médiocre. « Ma stratégie est très simple : tourner le plus possible jusqu’à ce que j’aie enfin le luxe d’avoir le choix », explique le comédien au magazine Numéro. Et ça fonctionne : comme le réalisateur Quentin Dupieux, Raphaël Quenard multiplie ses travaux et se compose une filmographie variée où il brille davantage à chaque apparition.

Un acteur subtil et versatile

Ne serait-ce qu’en 2023 le comédien trentenaire est à l’affiche dans Je verrai toujours vos visages, Sentinelle, Chien de la casse et Sur la branche, Vincent doit mourir et Cash… Sans compter Yannick où son personnage vole la vedette aux acteurs sur scène tandis qu’il prend aussi le dessus sur ses partenaires à l’écran. Une mise en abîme réjouissante qui n’est pas sans évoquer la façon de travailler de Quentin Dupieux, réalisateur qui filme en toute liberté et fait montre d’une grande versatilité.

Le huis clos du film met si bien en valeur la performance de Raphaël Quenard qu’on sent que ces deux-là étaient faits pour travailler ensemble. Parfois attendrissant, parfois inquiétant, toujours juste, le jeune comédien trouve un rôle subtil dans la peau d’un être à fleur de peau qui se sent trahi par une pièce médiocre. On sent le héros prêt à basculer à chaque instant entretenant le spectateur dans une angoisse permanente entre deux éclats de rire. La qualité de la performance de Raphaël Quenard est pour beaucoup dans le malaise progressif qui nimbe cette réflexion féroce sur la notion de spectacle et de public. Il ne fait aucun doute que Quentin Dupieux n’a pas fini de faire appel à lui.

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