On a visité l’incroyable maison sculptée à Amanlis

Aucun panneau ne signale sa présence. Pour la découvrir au départ de Rennes, il faut arpenter la campagne bretonne en direction de Janzé puis, une fois passée la commune d’Amanlis, s’aventurer dans une voie sans issue. Au bord du chemin, une sculpture monumentale se dresse alors face aux visiteurs. Nous voilà arrivés à la maison sculptée, lieu de vie et véritable œuvre d’art du peintre et sculpteur Jacques Lucas.

Depuis près de quarante ans, cette demeure à l’architecture singulière accueille chaque année un millier de curieux. L’artiste y résidant encore, certains hésitent tout de même à franchir le pas de peur de déranger. « Mais vous pouvez entrer, vous êtes les bienvenus ! », leur lance-t-il. Pas question en revanche de leur faire une visite guidée des lieux. « C’est en accès libre, indique-t-il. Je réponds parfois à des questions mais je ne veux pas non plus être emmerdé à longueur de temps. »

Il commence la sculpture sur béton après un grave accident

Car bientôt octogénaire, l’artiste aspire désormais à la tranquillité dans cette ancienne demeure en ruines qu’il a rachetée en 1968 avant de la restaurer avec sa femme. Jacques Lucas travaillait alors au ministère de la Culture où il était chargé de recenser les monuments historiques en Bretagne. Il démissionnera sept ans plus tard pour lancer plusieurs entreprises. Mais au début des années 1980, un grave accident de la route est venu chambouler ses plans. « J’étais arrêté donc j’avais du temps et j’ai commencé la sculpture sur béton », raconte-t-il.

A l’entrée de la maison, la nature a repris ses droits, donnant encore plus de cachet à cette oeuvre d’art. – J. Gicquel / 20 Minutes

Pendant près de cinq ans, ce natif de Poitiers, où il a exposé pour la première fois en 1963, s’est alors lancé à corps perdu dans son projet un peu fou, ornant les murs et le jardin de sa maison de sculptures et de gravures. « Je suis autodidacte et j’ai fait ça au jour le jour sans véritable plan, indique Jacques Lucas. Je mettais le ciment que je mélangeais avec de la chaux aérienne le matin et je terminais ma sculpture le soir pour qu’elle soit robuste. »

« C’est ici que je finirai mes jours »

Une forme de « land art » dans lequel s’entremêlent des visages humains et des têtes d’animaux ainsi que des fleurs et des oiseaux. La mousse et le lierre ont depuis recouvert ces sculptures, donnant à cet ensemble labyrinthique un côté encore plus poétique. « J’aurais aimé poursuivre mais ma santé ne me le permet plus », regrette l’artiste, qui a quitté en 1993 sa maison sculptée pour ouvrir un atelier de peinture à Nice avant d’y revenir en 2019. « Et c’est ici que je finirai mes jours », assure Jacques Lucas, qui continue de peindre chaque jour. « Je dois avoir pas loin de 4.000 toiles ici », indique-t-il fièrement.

À sa mort, il léguera son incroyable maison à la mairie d’Amanlis « qui décidera de l’orientation à donner. » « J’aimerais bien quand même que ça devienne une résidence d’artistes », suggère-t-il. Le lieu est en tout cas propice à l’inspiration.

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