Normes de sécurité, météo, responsabilité… Comment sécuriser les structures gonflables ?

Un château fort gonflable a accidentellement décollé du sol dimanche, entraînant la mort d’un père d’une trentaine d’années, projeté à une « cinquantaine de mètres du sol ». Sa fille de 4 ans, elle aussi présente dans l’attraction, est toujours hospitalisée dans un état grave.

L’accident s’est produit au Wonderland Park, un parc d’attractions éphémère situé à Saint-Maximin-la-Sainte-Beaume (Var). Ce fait divers relance la question de la sécurité autour de ce type de structure. Comment sont-elles contrôlées ? Quelles responsabilités sont engagées après un accident ? Quelle est la réglementation en vigueur ? 20 Minutes s’est penché sur la question, avec l’éclairage de Jérôme Lancelot, dirigeant d’ASG 34, une société fabricante de structures gonflables installée dans l’Hérault.

Quelle est la réglementation en vigueur et comment l’exploitant doit-il s’adapter à la météo ?

Un document d’une cinquantaine de pages, nommé NF EN 14960-1, datant de mai 2019, définit le cadre réglementaire pour « les équipements de jeu gonflables destinés à être utilisés par des enfants âgés de 14 ans ou moins, à titre individuel ou collectif ». Les techniques de fabrication, mais aussi d’installation d’une structure (nombre d’ancrages au sol, etc…) y sont définies.

« Sous l’effet de fortes bourrasques », le château gonflable s’est décroché dimanche, alors que Météo France avait annoncé un vent à 55 km/h dans la partie ouest du département. « Le vent s’est levé et la structure a été mise à mal, donc ils (les gérants du parc) ont décidé de suspendre l’activité. C’est à ce moment-là que l’accident a eu lieu », a précisé le procureur de Draguignan.

« Une structure comme ça à 10 mètres de haut, c’est un cerf-volant, il y a une vraie prise au vent. En cas de rafale, il faut rester vigilants, et s’il y a un risque, on descend la structure », rappelle Jérôme Lancelot. Il est d’ailleurs interdit de gonfler une structure lorsque le vent souffle à plus de 38 km/h.

Comment ces structures gonflables sont-elles contrôlées ?

Conception et qualité du PVC, résistance au feu, assemblage du fil, soufflerie… Toutes les informations essentielles de la structure, ainsi que des consignes de montage et d’entretien sont fournies par le fabricant à l’exploitant.

« Ensuite, il va devoir faire des contrôles de routine quotidiennement, comme un boulanger qui vérifie son four, précise Jérôme Lancelot. On vérifie les attaches, en cas de doute sur la vitesse du vent, on peut utiliser un anémomètre. Un contrôle annuel doit aussi être effectué par un organisme indépendant ».

Depuis l’affaissement d’une structure gonflable à Bures-sur-Yvette (Essonne) il y a un peu plus d’un mois, qui a provoqué 13 blessés, « une enquête nationale de la DGCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) a été lancée », précise Jérôme Lancelot. En tant que fabricant, il a d’ailleurs été contrôlé la semaine dernière. Outre la DGCRF, des contrôles aléatoires sont aussi effectués par les préfectures, comme l’a confirmé à 20 Minutes une municipalité bretonne.

Quelles responsabilités après un accident ?

« Comment un parc aquatique que l’on avait accepté sur le territoire communal pour apporter de la joie, du bonheur à des enfants a-t-il pu se transformer en un engin de mort qui a terrassé toute une famille ?, s’est désolé Alain Decanis, maire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, avant de poursuivre : c’est ce que nous dira l’enquête en cours »

Une enquête pénale, justement, a été ouverte pour blessures et homicides involontaires et confiée à la gendarmerie. En parallèle, la responsabilité de l’exploitant est engagée civilement. « L’exploitant a une obligation de sécurité et de résultat, la famille des victimes sera donc indemnisée par l’assureur. Ça va passer par un processus très long, notamment pour la petite fille qui est gravement blessée. Il y aura une évaluation des dommages, puis d’âpres discussions entre les différentes parties », a commenté l’avocat Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé en dommages corporels, interrogé par BFM TV.

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