Mais pourquoi donc certains hommes aiment-ils faire pipi dehors ?

Forcément, quand on fait partie de la moitié de l’humanité qui ne peut pas faire pipi debout, qui doit gérer la logistique des collants, du combishort pas pratique, qui ne souhaite tout simplement pas se montrer fesses à l’air et qui apprécie l’intimité des toilettes bien fermées et l’accès à de l’eau et du savon pour se laver les mains, voir certains hommes faire pipi dehors frôle l’hérésie.

Bien sûr, physiologiquement, ces messieurs en sont capables. Mais est-ce une raison pour le faire dans la rue, dans un jardin, contre un arbre ou un mur ? Pourquoi certains hommes adorent-ils faire pipi dehors ? Et que risquent-ils à se prendre pour le Manneken-Pis ?

« Une reconnexion avec ma nature animale »

Faire pipi dehors, « je le faisais beaucoup ado, quand j’habitais à la campagne chez mes parents, se souvient Sébastien. J’ai arrosé le jardin et la cambrousse un paquet de fois ! A l’époque, j’y trouvais un côté écolo, une sorte de retour à la nature, sans avoir besoin d’utiliser du papier toilette ou de gaspiller des litres en tirant la chasse d’eau. Si j’ai un coup dans le nez et que tout le monde le fait, ça peut encore m’arriver, mais c’est vraiment rare, assure le trentenaire. J’ai passé l’âge de faire pipi dehors ».

Paul, lui, ne s’est jamais départi de cette « joie » malgré ses 40 ans passés. Citadin depuis sa naissance, il ne résiste pas à l’envie d’aller soulager sa vessie en plein air quand l’occasion se présente. « Quand je pars en vacances dans la maison familiale, qui a un grand jardin et est située dans un petit village, j’adore aller pisser dehors, raconte-t-il. Et qu’on rentre de balade ou du resto, je préfère faire pipi dans le jardin plutôt qu’à la maison. Idem si je suis posé sur la terrasse les soirs d’été, je descends les quelques marches et je vais me soulager contre les haies du fond du jardin, même s’il est sans doute plus rapide d’aller aux toilettes à l’intérieur ». L’argument « naturel » revient : « C’est comme si je me reconnectais à la fois à la nature qui m’entoure et à ma nature animale. Ça me fait kiffer, tout simplement ! Et si je suis à un festival et que toutes les toilettes sont prises d’assaut, je suis bien content de vite pouvoir aller faire pipi contre une haie et de zapper les files d’attente interminables ».

La difficile lutte contre les pipis sauvages

Une passion masculine contre laquelle il est bien difficile de lutter. C’est ce qu’a constaté une équipe de chercheurs de l’Université de sciences appliquées de Munich, menée par le Pr Nathalie Essig, qui a interrogé un large échantillon d’hommes qui soulageaient leur vessie à la sortie du grand stade de foot de la ville. Si certains ont déclaré trouver la pratique écologique, et que d’autres ont indiqué ne pas aimer aller dans les toilettes publiques jugées trop sales ou malodorantes, nombre d’hommes interrogés ont répondu que c’était un facteur de lien social. Ce qui a poussé l’équipe de chercheurs à parler de « pipi social » : on tient salon contre un mur ou un buisson. Plaisir (cracra) animal ou néandertalien, on marque son territoire. Et on agresse les narines de toutes les personnes qui passeront dans le secteur.

Mais ce plaisir malodorant est passible d’une belle amende qui peut atteindre 68 euros à Nantes, 135 euros à Paris et jusqu’à 450 euros à Bordeaux. De quoi préférer des toilettes en bonne et due forme. Ou tenter, dans certaines villes, de trouver des solutions intermédiaires. Début 2017, la SNCF s’est emparée de cette problématique en installant des « uritrottoirs » devant la Gare de Lyon, à Paris : des urinoirs écologiques, croisement entre des toilettes sèches et des jardinières de fleurs. Une initiative à saluer, mais qui, après plusieurs mois d’expérimentation, n’a pas permis d’améliorer de manière notable la propreté du secteur, toujours aspergé.

Et le lavage des mains ?

La compagne de Paul, elle, n’apprécie pas non plus ce « plaisir ». « Elle me guette à chaque fois pour me dire qu’elle trouve ça dégueulasse, et surtout pour me dire d’aller me laver les mains ou me les asperger de gel hydroalcoolique », ajoute Paul. Et sa partenaire a raison : l’hygiène des mains est importante, et pas toujours facile à assurer quand on se soulage dans la nature, ou dans l’espace public.

D’autant qu’idéalement, il faudrait aussi se laver les mains « AVANT d’aller uriner, insiste le Dr Frédéric Saldmann, cardiologue, nutritionniste et médecin spécialiste des questions d’hygiène dans son ouvrage Votre santé sans risque (éd. Albin Michel). Les mains sont de véritables aéroports pour un nombre impressionnant de microbes, bactéries, champignons et virus. C’est par l’intermédiaire de mains sales que se font de très nombreuses contaminations, tant digestives que respiratoires ou cutanées. Imaginez que votre main a été en contact avec des surfaces souillées et des mains serrées douteuses, elle va se trouver en contact direct avec vos parties génitales, avertit le médecin. La main sale peut ainsi transmettre des maladies de peau directement sur ces parties. Même si c’est rare, le virus d’un herpès buccal ou de verrues peut passer par les mains, qui servent de pont vers les organes génitaux ». Gloups !

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