Ligue 1 / Félicitations pour Brest, avertissement pour l’OM : le carnet de notes de la saison 2023-24

Brest (3e, 61 pts) : 9/10

C’est l’histoire absolument dingue de cette saison 2023-24. Celle du 14e de la saison dernière, proche de descendre en 2021, qui termine 3e et se qualifie directement pour la prochaine Ligue des champions. Personne n’attendait le club breton, personne ne parlait d’Eric Roy, mais tout ce petit monde a mis en place les bases d’un jeu plein de panache, et surtout joué avec un cœur gros comme ça. Le plus beau est peut-être d’avoir trouvé les ressources pour ne pas s’écrouler complètement en fin de saison, après avoir perdu successivement contre Lyon et Monaco, après avoir été accroché par Nantes et Reims. D’avoir cédé sa place sur le podium à une journée de la fin… pour mieux la retrouver lors de la J34, après avoir été dauphin du PSG durant sept journées. Exceptionnel.

PSG (1er, 76 pts) : 8/10

On ne juge pas Paris comme on juge les autres, c’est une évidence. On reprochera au PSG de cette saison de s’être souvent cherché dans le jeu, de ne pas avoir fait lever les foules, ou encore d’avoir concédé autant de matches nuls (10) que Clermont. Mais on se souviendra qu’il a été très difficile de battre cette équipe, avec deux petits revers dont un en fin de saison contre Toulouse après avoir totalement lâché la rampe. A l’arrivée, Paris a fait ce qui est attendu de lui : être sacré champion, à trois journées de la fin, avec neuf points d’avance sur son dauphin. Pour la troisième fois de suite.

“Le non-hommage du PSG à Mbappé, c’est une faute majeure”

Monaco (2e, 67 pts) : 7/10

Monaco a beau souffler le chaud et le froid au sein d’une même saison, l’ASM s’affirme mine de rien comme l’une des équipes les plus régulières du haut de tableau en Ligue 1. Pour la troisième fois sur les quatre dernières saisons, le club du Rocher a pris place sur le podium. Avec, en prime, une deuxième place synonyme de meilleur classement depuis 2018. Adi Hütter et ses hommes ont connu des creux, mais ont remporté 9 de leurs 12 derniers matches, pour une défaite. Une certaine science du sprint final. Et une année 2024 réussie.

Lille (4e, 59 pts) : 6/10

Certes, le LOSC a déployé un jeu de qualité, clairement estampillé Paulo Fonseca, et peut encore se qualifier pour la prochaine Ligue des champions grâce à sa quatrième place. Mais alors qu’il avait toutes les cartes en main pour s’offrir un ticket direct pour la C1, notamment Jonathan David, le 2e meilleur buteur de Ligue 1, le club nordiste s’est totalement sabordé. Les Dogues avaient le droit de perdre à Monaco, un concurrent direct, le 24 avril dernier. Mais ils ne pouvaient pas s’écrouler de la sorte contre Lyon (3-4), après avoir mené 2-0 puis 3-2. Pas plus qu’ils ne pouvaient laisser filer la victoire contre Nice dimanche, encore à domicile, encore dans le temps additionnel (2-2). Il a manqué deux points aux Dogues dans leur course avec un Brest en perte de vitesse en fin de saison. Il est facile de retrouver où ils ont été lâchés.

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Hakon Arnar Haraldsson (Lille) face à l’OGC Nice.

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Nice (5e, 55 pts) : 6/10

Il fut un temps où Nice était un éphémère leader de Ligue 1. S’en sont suivies 10 journées dans la peau d’un solide, très solide, dauphin du PSG, grâce à une défense parmi les toutes meilleures des cinq grands championnats européens. Mais un énorme trou d’air entre début février et début avril – 6 points en 9 matches de championnat – a mis un gros coup aux ambitions des Aiglons. Avec une défense plus friable, le Gym a vu sa faible productivité offensive (40 buts inscrits, plus faible total du top 12) lui revenir en pleine figure. Reste que les hommes de Francesco Farioli – dont c’était la première saison en Ligue 1 – ont sorti la tête de l’eau pour verrouiller une cinquième place conforme aux objectifs fixés en début de saison.

Lyon (6e, 53 pts) : 6/10

Une première partie de saison à 0/10, avec 7 points en 14 journées synonyme de dernière place et de relégation assurée, selon les statistiques. Une deuxième à 10/10, avec une première place sur la phase retour et un ticket inespéré pour la Ligue Europa. Voilà comment résumer très grossièrement la saison lyonnaise. Pourquoi 6 et pas 5 sur l’ensemble de l’exercice, dans ce cas ? Pour avoir su se relever – grâce au mercato hivernal le plus dépensier d’Europe, certes – d’une situation quasi désespérée, après avoir connu trois coaches et affronté une lutte pour la survie à laquelle le club rhodanien n’était absolument pas préparé. Pour nous avoir offert, aussi, des matches aux scénarios dingues dans une Ligue 1 qui a globalement manqué de folie pour le reste.

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La joie des joueurs de l’OL au bout d’un match dingue à Lille

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Reims (9e, 47 pts) : 6/10

Même si l’équipe de Will Still a connu de gros trous d’air cette saison, il faut se remémorer la vitesse à laquelle elle a acquis son statut de prétendant européen. Porté par sa coqueluche de coach, emballant aussi bien par le jeu et par la parole, le Stade de Reims a confirmé cette saison qu’il était un nouveau poids moyen de l’élite en terminant 9e, soit 2 places plus haut que la saison passée. Si l’on peut déplorer l’écroulement des Champenois au mois d’avril, qui les a empêchés de rêver du top 6, il faut saluer un exercice globalement honorable, avec plusieurs jolis résultats contre les gros (nul 2-2 contre le PSG au Parc des Princes, victoire 1-3 à Louis II contre Monaco…). Pour le club marnais, il s’agit maintenant de bien gérer l’après-Still.

Lens (7e, 51 pts) : 5,5/10

En 2022-23, Lens avait frôlé la perfection et il n’est pas étonnant, au fond, que la saison suivante ait été moins aboutie. Autrefois si emballante, l’équipe de Franck Haise a parfois semblé émoussée. Sa défense a été bien moins solide que par le passé, tandis qu’Elye Wahi, recruté pour la somme record de 35 millions d’euros, n’a pas fait oublier Loïs Openda. Bollaert a donc été moins gâté, mais malgré un exercice en dents de scie, les Sang et Or ont décroché un billet pour la prochaine édition de la Ligue Europa Conférence. Ce n’est pas si mal, et ça vaut bien une note supérieure à la moyenne.

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Elye Wahi, l’attaquant de Lens

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Toulouse (11e, 43 pts) : 5,5/10

Un effectif profondément chamboulé, un entraîneur novice sur le banc, une campagne européenne à négocier : il y avait de quoi émettre quelques réserves concernant la saison toulousaine. De fait, celle-ci a été plutôt poussive sur la phase aller. Mais les Violets, renforcés par l’arrivée du percutant Yann Gboho pendant l’hiver, ont ensuite trouvé leurs repères collectifs et, forcément, les résultats ont été bien plus positifs. À défaut d’avoir été souverains au Stadium (3 victoires seulement), les joueurs de Carles Martinez Novell ont multiplié les coups d’éclat à l’extérieur (8 succès), ce qui leur a permis de finir à une confortable 11e place.

Le Havre (15e, 32 pts) : 5,5/10

Avant-dernier budget de Ligue 1 (35 millions d’euros), le HAC avait un objectif clairement défini au début de la saison dans l’élite : y rester. C’est chose faite, et ce n’était pas une mince affaire, puisque les hommes de Luka Elsner ont joué avec le feu dans le sprint final. Leur président Jean-Michel Roussier s’est même fendu d’un coup de gueule au sujet de la composition du PSG alignée face à Clermont, au début du mois d’avril, ce qui a illustré une certaine tension. La solidité et le sérieux du club doyen, 8e défense de Ligue 1 avec 45 buts encaissés, l’ont toutefois porté vers le maintien tant convoité.

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André Ayew a signé une entrée phénoménale avec Le Havre à Lorient

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Montpellier (12e, 41 pts) : 5/10

Les saisons se suivent et se ressemblent pour Montpellier, 12e du championnat pour la deuxième année d’affilée. L’affaire du pétard a plombé l’entame des Pailladins (un point de pénalité, match contre Clermont à rejouer), qui ont longtemps navigué juste au-dessus de la ligne de flottaison, avant de se mettre à l’abri en enchaînant les victoires au début du printemps. Une fois de plus, Téji Savanier (9 buts, 7 passes décisives) a été l’homme à tout faire de l’équipe héraultaise, parfois surprenante mais trop inconstante pour espérer mieux que la moyenne.

Strasbourg (13e, 39 pts) : 5/10

Racheté par le consortium américain BlueCo (également propriétaire de Chelsea) pendant l’été, Strasbourg est entré dans une nouvelle ère en 2023-24. Patrick Vieira a dû manœuvrer avec un effectif très rajeuni, amputé des départs fortement préjudiciables de Jean-Ricner Bellegarde à la fin du mercato d’été et de Matz Sels au terme du marché hivernal. Le pari était risqué, mais la formation alsacienne a décroché son maintien sans trop trembler, portée notamment par les prometteurs Emanuel Emegha (8 buts) et Dilane Bakwa (6 passes décisives).

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Emanuel Emegha (Strasbourg)

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Nantes (14e, 33 pts) : 3,5/10

“Des fois, il vaut mieux ne pas dire ce que l’on pense”, s’est censuré Antoine Kombouaré après l’ultime gifle reçue par les Nantais à Monaco (4-0) dimanche soir. L’entraîneur des Canaris, rappelé un an à peine après son licenciement au moment où Nantes s’enfonçait dans la crise, a réussi à sauver ce qu’il y avait à sauver en Loire-Atlantique : pas grand-chose à part une place en Ligue 1. Le FCN a perdu 19 fois en 34 matches, un record de médiocrité pour le club dans l’élite, et n’a inscrit que 30 buts, soit moins d’un par rencontre. Pour couronner le tout, il a en outre réalisé une abominable série de neuf défaites d’affilée à domicile en championnat.

Metz (16e, 29 pts) : 3 ou 4/10 – en fonction de l’issue du barrage

Avant de connaître le résultat du barrage qui les opposera à Rodez, Saint-Etienne ou le Paris FC, difficile de statuer sur la saison des Messins. Quoi qu’il arrive, ils pourront remercier Georges Mikautadze d’être venu à la rescousse de son ancien club au mois de janvier. Auteur de 11 buts sur la phase retour, le Géorgien a offert une chance de survie à une équipe trop peu dotée collectivement pour se montrer compétitive en Ligue 1, et qui a souffert de la comparaison avec l’autre promu havrais. Les Mosellans peuvent encore sauver leur place dans l’élite, mais une descente en Ligue 2 plomberait forcément le bilan.

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Georges Mikautadze (Metz) célèbre son premier but inscrit face à Lens, vendredi 12 avril 2024. / Ligue 1

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Marseille (8e, 50 pts) : 3/10

Pour les Marseillais, huitièmes à l’arrivée et privés d’Europe l’année prochaine, cette saison de Ligue 1 fut un véritable chemin de croix. Du début d’exercice tristounet de Marcelino à la bouillie de football concoctée face à Reims lors de l’avant-dernière journée, en passant, au choix, par la fronde des supporters au mois de septembre ou par les contre-performances à n’en plus finir sous Gennaro Gattuso, l’OM n’a rien réussi en championnat. Seuls motifs de satisfaction au terme d’une saison qui a fragilisé l’Olympique de Marseille à tous les étages : la courte bouffée d’air frais à l’arrivée de Jean-Louis Gasset, et la réussite insolente de Pierre-Emerick Aubameyang (17 buts, 8 passes en 34 matches de Ligue 1). Sans le Gabonais, ardu d’imaginer jusqu’où l’OM aurait creusé.

Rennes (10e, 46 pts) : 3/10

Pour la première fois depuis six ans, Rennes sera absent de la scène européenne en 2024-25. Pourtant, en début de saison, le club breton faisait figure de prétendant au podium, fort d’un mercato prometteur et d’un potentiel offensif très séduisant. Mais les recrues ont déçu (Ludovic Blas, Enzo Le Fée…), la défense a multiplié les bourdes lourdes de conséquences, Nemanja Matic a claqué la porte au cœur de l’hiver et Bruno Genesio, à bout de nerfs, a été remplacé par le revenant Julien Stephan… qui n’a pas su opérer un redressement durable. Le projet SRFC a subi un vilain coup d’arrêt. Attention, désormais, à ne pas régresser.

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Amine Gouiri.

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Clermont (18e, 25 pts) : 3/10

La très jolie 8e place acquise par Clermont en 2022-23 a paru bien lointaine… Du début à la fin de la saison, les protégés de Pascal Gastien se sont retrouvés en queue de peloton et ils ne se sont jamais dépêtrés des bas-fonds du classement. Les multiples appels à la révolte du coach et de son capitaine de fils Johan n’ont jamais trouvé un véritable écho dans l’effectif, qui avait pourtant le relief nécessaire pour faire un peu mieux. Le CF63 retombe en Ligue 2, mais espérons que le bagage accumulé à l’occasion du premier passage de son histoire dans l’élite l’aide à vite rebondir.

Lorient (17e, 29 pts) : 2/10

On termine avec le bonnet d’âne incontesté de cette Ligue 1 édition 2023-24. Avec le huitième budget de l’élite (85 millions d’euros), Lorient aspirait logiquement à mener une existence paisible, loin de la zone rouge. Mais les Merlus ont finalement vécu une saison épouvantable de bout en bout, sanctionnée par une relégation en Ligue 2. Les raisons de ce fiasco sont nombreuses, d’un mercato d’été raté aux déboires d’une arrière-garde terriblement poreuse (66 buts encaissés, pire total du championnat), en passant par de multiples dissensions en interne. L’avenir à court terme du FCL s’écrira en Ligue 2 et, pour l’heure, le chantier paraît immense.
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Le gardien de but franco-sénégalais de Clermont Mory Diaw tend la main à l’attaquant sénégalais de Lorient Bamba Dieng à la fin du match entre le FC Lorient et le Clermont Foot 63 au Stade du Moustoir le 19 mai 2024.

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