L’exécutif parvient à un accord autour de la Porte de Montreuil

C’est la fin de plusieurs mois, voire années, de guerre ouverte au sein du Conseil de Paris. Un accord a été trouvé au sein de la majorité parisienne autour du projet d’aménagement de la Porte de Montreuil. Le texte revu et corrigé prévoit de supprimer l’immeuble-pont du projet de Nexity, comme on le savait déjà, mais aussi d’abandonner la halle prévue pour accueillir les puciers, de préserver au moins 80 % des 60 arbres qui devaient être abattus dans le projet initial ou encore de lancer une étude sur un équipement culturel dédié à la Bande dessinée.

« C’était un caillou dans la chaussure de la majorité, c’est une grosse satisfaction, on avait à souhait de repartir sur de bonnes bases » commente Emmanuel Grégoire, premier adjoint chargé de l’urbanisme. Pour compenser la perte de l’immeuble-pont, qui devait assurer une certaine isolation phonique, l’exécutif promet « la création d’un ouvrage d’isolation acoustique végétalisé ». Outre le centre culturel autour de la BD, l’exécutif promet aussi un « club pour les séniors », un « marché alimentaire » et un « centre de santé pour des médecins conventionnés secteur 1 ». La recyclerie gérée par Emmaüs, historiquement présente sur site, est maintenue.

« Cette transformation permettra d’apaiser ce secteur majeur de l’est parisien en augmentant massivement la place de la nature. Près de 8.300 m2 seront végétalisés, dont 5.400 m2 en pleine terre  [quand il y a suffisamment de terre pour permettre une infltration dans le so], et plus de 400 arbres seront plantés afin de consolider la ceinture verte de Paris », promet l’exécutif dans un communiqué.

Cet accord satisfait aussi les écologistes et les communistes, qui s’étaient déchirés sur cet aménagement, au sein de la majorité. « Je me félicite qu’il y ait un accord qui puisse être trouvé, l’essentiel est maintenu dans le projet avec la couverture du périphérique, la végétalisation et l’aménagement de la place », commente auprès de 20 Minutes Jacques Baudrier, élu communiste, adjoint à la transition écologique du bâti, qui a suivi le projet depuis plus de vingt ans. Jacques Baudrier pointe comme évolutions positives selon lui la création d’un centre de santé municipale et le projet culturel lié à la BD. « Le plus important c’est de sortir de cette guérilla au Conseil de Paris. Ces oppositions se font sur le dos des habitants du quartier le plus pauvre de Paris », ajoute l’élu.

« On avait 4 lignes rouges, et cet accord en tient compte : l’immeuble-pont qui disparaît, la pleine terre qui est préservée, le bâtiment des puciers et enfin les arbres » commente Antoine Alibert, cosecrétaire d’EELV Paris, pour lequel cet accord était « nécessaire ».

Apprendre à transplanter des arbres

Cette nouvelle mouture prévoit de redessiner le tracé pour préserver le plus d’arbres possible. Sur les 60 arbres initialement promis à l’abattage, entre 40 et 50 devraient être transplantés, en utilisant des techniques de transplantation nouvelles. « Ce projet nous permet de lancer une véritable école de la transplantation d’arbres, de développer cette compétence » estime Antoine Alibert, selon lequel cette technique permettra de sauver au minimum 80 % des arbres transplantés. Le reste des arbres, 29 selon l’exécutif, sera épargné par des modifications de tracé.

Mais pour l’association France Nature Environnement (FNE), le nouveau projet ne permet pas du tout de préserver la pleine terre. « Toute la pleine terre ne sera pas préservée car ils maintiennent la moitié du projet, et donc ils suppriment la moitié de la pleine terre. La construction à l’Est se fait sur les talus du périphérique. Et de toute façon, construire le long du périphérique, c’est n’importe quoi du point de vue de la salubrité publique », commente Christine Nedelec, présidente de FNE Paris.

Certains riveraines et riverains déçus

Du côté du collectif de riverains qui avait lancé une pétition en octobre 2022, le projet actuel ne semble pas non plus réjouir. « Ce nouveau projet devra mener à une nouvelle étude d’impact, ce qui retarde encore le dépôt d’un permis d’aménager et la transformation de la Porte que nous attendons depuis vingt-deux ans… », se désespérait la semaine dernière dans un communiqué le Collectif Porte de Montreuil. « Là où il y a le marché aux puces, ils vont se contenter de planter quelques arbres, ils ne font aucun effort pour la partie qui va vers Bagnolet », se désespère auprès de 20 Minutes l’une de ses porte-paroles, Catherine Dufour, qui aurait voulu mettre un bâtiment à l’endroit où sont les puciers pour éviter « les personnes qui viennent vendre des portables tombés du camion ». « On préférerait que le projet soit totalement abandonné », estime-t-elle carrément.

Les travaux devraient commencer à l’été 2025, après le lancement d’études complémentaires. Entre-temps, les écologistes ont obtenu que soit lancée une concertation avec les habitants et habitantes qui prévoit une utilisation temporaire de l’espace public pour des projets associatifs.

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