«J’ai été super étonnée que ce soit si facile»… Ils nous racontent la route des vacances en électrique

« Très cher, long et compliqué. » Visiblement, Katia n’est pas prête à partir en vacances en voiture électrique. « C’est bien pour de petits trajets et c’est tout ! », tranche-t-elle. Sort-elle d’une mauvaise expérience ? A quand remonte-t-elle ? Avec quel type de véhicule électrique ? Katia développe peu. Une certitude : son expérience tranche avec la très grande majorité des 169 témoignages que nous avons reçu après notre appel à contribution vous demandant de raconter la route des vacances en électrique.

Enfin, il y a quelques autres déçus tout de même. Comme Ludovic. Il a acquis une Porsche Taycan, en février dernier et dit « perdre un temps fou à chaque recharge » et regrette de planifier désormais ses vacances en fonction de là où il y a des bornes. Plus atypique, Thomas Charles a tenté en famille l’expérience du van électrique qu’il a loué pour un week-end. « Nous sommes partis à 200 km. Sur cinq charges, nous avons eu trois échecs, peste-t-il. L’autonomie était aussi loin de celle annoncée par le constructeur. » Sandrine, elle, parle pour un ami qui a eu quelques galères en route vers la Bretagne, « notamment pour trouver une borne qui fonctionne avec la carte bleue et ne demande pas une carte d’un fournisseur quelconque. »

« J’ai été super étonnée que ça soit si facile »

Mais, à part ces quelques mauvaises expériences, les récits sont positifs, pour ne pas dire dithyrambique. Un grand nombre estime même inconcevable désormais de revenir en arrière. En clair, de repasser sur un véhicule essence. Certes, il y avait quelques appréhensions pour celles et ceux qui réalisaient cet été leur premier grand trajet en électrique. A l’instar d’Aurélie, partie en famille de la Creuse jusqu’au Pas-de-Calais. « Soit 700 km, avec deux arrêts “recharge”, le premier vers Orléans et le deuxième en Baie de Somme », détaille-t-elle. Des haltes que la famille a fait coïncider avec la pause midi pour la première et le goûter pour le second. Sans jamais de temps d’attente. « A Orléans, j’étais même la seule voiture à recharger à la station, explique-t-elle. J’ai été super étonnée que ça soit si facile avec tout ce qu’on entend sur les électriques. »

Clément Molizon n‘est pas surpris. « Cet été est vraiment le premier où toutes les conditions sont réunies pour que ça se passe bien, glisse le délégué général de l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere). De plus en plus de véhicules permettent la grande itinérance, avec entre 350 et 400 km d’autonomie. Surtout, 99 % des aires de service des autoroutes concédées sont aujourd’hui équipées de bornes de recharges. » Soit 2.922 points de recharge dont 83 % ultrarapides qui permettent de recharger en trente minutes sa voiture de 20 à 80 %. « Pas besoin de faire plus », rappelle Kriss. Et pas besoin non plus de rouler moins vite que les vitesses réglementaires pour préserver l’autonomie, comme on le dit souvent, assure David.

Jusqu’au Portugal ou en Norvège

Denis et Thierry se souviennent bien de voyages en électrique « sportifs », il y a plusieurs années, mais assurent cette époque révolue. « Voyager est de plus en plus simple car les chargeurs se multiplient », confirme Alexandre, passé à l’électrique il y a trois ans. Certains voguent même très loin désormais. Jusqu’au Portugal, pour Jérôme, Typhaine et Alain. En Irlande-du-Nord, pour Julien. En Norvège pour Nicolas et Vanessa. Sans difficultés majeures, assurent-ils.

En tout cas, pour l’instant, pas de queue aux stations. Benjamin et Maxime disent chacun avoir dû une fois patienter cinq minutes pour accéder à un point de charge. Mais dans la très grande majorité des témoignages, on est sur du « zéro attente » « Même lors d’une journée classée orange par Bison Futé », lance David. « Les files d’attente étaient plus aux pompes à essence », glisse Nico.

Quant aux temps de recharge, ils ne rallongeraient pas tant la durée du voyage. « On perd environ une heure sur un trajet de 600 km », évalue Fred, qui a multiplié les virées depuis janvier et l’achat d’une Mégane électrique. Marc, de son côté, a parcouru 1.000 km d’une traite, trajet pour lequel il a dû faire quatre haltes de 1h45 en tout. « Ce n’est vraiment pas délirant », lance-t-il. Parfois, nous n’avions pas le temps de manger un burger que la voiture nous demandait de reprendre la route. »

Juste le temps d’une pause pipi et d’un café ?

Les propriétaires de Tesla, nombreux à avoir répondu à notre appel, semblent avantagés en la matière. Ils peuvent profiter des « superchargeurs » Tesla, un réseau de 145 stations de recharge ultrarapides qu’opère la marque en France. Elles ne sont pas sur le domaine autoroutier mais aux abords. En clair, « il faut sortir et perdre un peu de temps », concède Méderic. Mais la recharge se fait en quinze minutes. A peine le temps d’une pause-café et pipi, soulignent Sylvie, Bruno, Franck et d’autres. Et ces pauses régulières permettraient aussi d’arriver plus frais à destination, un avantage de l’électrique qu’ils sont nombreux à souligner. Encore plus les propriétaires de modèles dernier cri (mais loin d’être pour tous les budgets) qui intègrent des planificateurs d’itinéraire signalant quand et à quelles bornes s’arrêter. Des tracas en moins, dit Mickaël.

Reste la question du prix. « Le coût “carburant” est globalement deux fois moins cher qu’en thermique », assure Rémi, qui parle de son trajet Lyon-Saint-Raphaël. Daniel dit, lui, être passé de Charleroi (Belgique) à Peniscola (Espagne) – soit 1.500 km- pour un coût de recharge de 81 euros à l’aller et 79 € au retour. Kriss, lui, a fait un aller-retour Grasse-Liège, avec des amis pour un festival. Il s’en est tiré pour 160 euros de recharge, « contre 260 euros que m’aurait coûtés un même trajet en essence ».

Détail non négligeable : ces trois conducteurs se sont rechargés sur les superchargeurs Tesla, auxquels n’ont pas toujours accès les conducteurs d’autres modèles. Il y a bien ces 2.922 points de recharge aujourd’hui ouverts à tous sur le réseau autoroutier, mais des contributeurs à notre appel sont plusieurs à en déplorer les prix parfois élevés. « Il y a des énormes différences d’une borne à d’autres », déplorent Seb et Évelyne. « Sur l’autoroute, le coût de la recharge ultrarapide est globalement le même que pour les carburants thermiques rapportés au 100 km », concède Clément Molizon.

Des stations pas saturées… mais dans deux ans ?

La stratégie serait donc d’éviter au maximum les arrêts « recharge » sur l’autoroute, en partant de son domicile à « plein » et en rechargeant le plus possible sur son lieu de vacances. Pas si évident toutefois. Olivier et JP pointent ainsi la difficulté à trouver des locations équipées de prise de recharge. Aurélie, elle, a constaté l’absence de bornes dans certains villages touristiques du Pas-de-Calais. « Sans que ce soit un souci, les petites villes avoisinantes étant bien équipées », précise-t-elle.

Voilà au moins quelques points à améliorer pour faciliter encore les grands trajets en électrique. A vrai dire, Clément Molizon en voit bien d’autres encore et rappelle que plus de 800.000 véhicules 100 % électriques sont aujourd’hui en circulation en France et que cette part augmente plus vite que prévue. « Dans ce contexte, le réseau de bornes sur le réseau autoroutier peut très vite saturer, précise-t-il. Peut-être pas à l’été 2024 mais sans doute celui d’après. Il faudra donc continuer à l’étoffer, ce qui ne s’annonce pas si simple. » C’est que les aires de repos n’étant pas extensibles à l’infini et il faut garder aussi de la place pour les véhicules thermiques pour des années encore. Dans nos 169 témoignages, plusieurs relèvent déjà des premières tensions. Le grand classique : « des voitures essence stationnées sur places réservées aux électriques. »

Leurs conseils avant de se lancer sur la route des vacances en électrique

Ça paraît évident, mais la première des choses est de bien choisir son véhicule. « C’est comme tout achat, il faut définir ses besoins et choisir son modèle en fonction », explique Typhaine, à qui ne viendrait pas l’idée de faire Lille-Porto avec sa Fiat électrique. « Ça reste encore très juste de parti en vacances avec moins d’une centaine de kilomètres d’autonomie », glisse, de son côté, Clément Molizon.

Ensuite, le maître mot, qui revient dans tant de témoignages, est « anticipation », terme qui revient dans tant de témoignages. « On ne part plus sans avoir prévu ses arrêts, insiste Fred. On perd cette souplesse de pouvoir faire son plein n’importe où, sans calculer. »

Certes, les planificateurs d’itinéraires rendent la vie bien plus facile. Mais on peut s’en passer et tracer soi-même sa route, en s’aidant des bons outils. Deux reviennent souvent : Chargemap, qui recense sur une carte les bornes de recharges en Europe et AbetterRoutePlanner (ABRP), une application de navigation et de planning spécialement conçue pour les voyages en électrique. « Les conducteurs de véhicules électriques se retrouvent également sur les réseaux sociaux et échangent des infos pratiques », indique aussi Alexandre.

Vaut-il mieux aussi ne pas trop s’éloigner des autoroutes et de son réseau de bornes fournis ? Pas forcément. Michaël raconte, par exemple, être parti au Portugal, avec une Zoé non pourvu de prise pour charge rapide et sans autoroute. « Une aventure incroyable et sans aucuns accrocs »

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