Grand Prix de Belgique | Red Bull | “Utilise ta tête !” : Nouveau clash entre l’effronté Max Verstappen et son ingénieur

Il ne voulait pas en rester à 44, le chiffre fétiche de son meilleur ennemi, c’est réglé. Il n’avait jamais gagné en partant sixième, l’oubli est réparé. Il a effacé presque à lui seul le record saisonnier de McLaren (11 en 1988) en offrant à Red Bull un 12e succès de suite dans une même année. Très bien.

Dimanche, Max Verstappen a fait feu de tout bois en signant sa 10e victoire en 2023, sa huitième de suite, et il va pouvoir profiter d’une trève bien méritée avant de s’en prendre aux neuf victoires consécutives de Sebastian Vettel (en 2013) à la reprise du championnat, le 27 août à la maison, encore devant une foule orange en fusion.

Sûr de lui comme il l’avait été samedi lors du sprint, lorsqu’il avait laissé Oscar Piastri (McLaren) prendre les bons pneus un tour avant lui pour mieux l’attaquer ensuite, le double champion du monde a maîtrisé son sujet en piste, de sa place de départ qui représentait un véritable écueil.

Auteur du meilleur temps en qualification vendredi et reculé de cinq positions en raison d’un dépassement de pièces neuves de boîte de vitesses, il partait sixième et le goulet du virage n°1 risquait de le réduire à un rôle de spectateur, sinon de victime.

Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix de Belgique 2023

Crédit: Getty Images

Avec DRS, sans suspense

En enroulant sagement à l’extérieur, il a évité tout piège, et spécialement celui de la collision. A sa droite, Carlos Sainz (Ferrari) et Oscar Piastri (McLaren) n’y ont pas échappé et cela a mené à l’abandon des deux. “Je savais que nous avions un voiture géniale, il fallait survivre au premier virage, c’était très serré, j’ai essayé de me tenir à l’écart des problèmes, a-t-il relaté, à l’arrivée. Ça a marché. Après, on a fait des dépassements. Une fois que j’ai pu me débarrasser du train DRS, j’étais assez facile et j’ai beaucoup apprécié cette course.”

Sorti cinquième de La source, il a déposé la Ferrari de Carlos Sainz (Ferrari) dans la grande ligne droite de Kemmel. Cinq tours plus tard, avec cette fois son aileron arrière magique, il a refait le coup à la Mercedes de Lewis Hamilton, pourtant déchargée en appui. Puis trois boucles plus loin, toujours dans la catégorie “facile”, il a effacé l’autre Ferrari de Charles Leclerc. Enfin, sans plus de suspense, il a inversé sa position avec son coéquipier Sergio Pérez, au 17e tour.

Tout près du crash dans le raidillon

A l’entendre à l’arrivée du Grand Prix de Belgique, qui l’a propulsé 125 points au Championnat du monde devant son coéquipier Sergio Pérez, deuxième à 25 secondes, tout s’est bien déroulé. A part une grosse chaleur sur une piste humide dans le raidillon d’Eau rouge, au 21e des 44 tours. “J’ai failli la perdre !”, a-t-il commenté. Là, il a frôlé la correctionnelle. Son passage sur la bordure intérieure aurait pu l’envoyer dans le décor, dans cet endroit qui a emporté plusieurs vies.

“Le raidillon était le pire endroit pour avoir cette chaleur, a-t-il expliqué dans le parc fermé. Je voyais qu’il pleuvait, mais je ne savais pas à quel point. J’ai fait un travers… C’est juste le virage où on ne veut pas que ça arrive.”

Fin des débats, tout le monde part en vacances ? Non. En route vers ce niveau triomphe, ‘Super Max” a montré le côté obscur de la force. En faisant son cabochard à la radio. Parce que, depuis quelques temps déjà, il fait un peu ce qu’il veut, comme s’il était au Max Verstappen Racing. Concrètement, il n’a pas mené la course qu’il devait, en tapant trop dans ses pneus dans son premier relais. Ce qui n’a pas plu.

“Max la menace”, deuxième épisode

Au 13e tour, son ingénieur de toujours, Gianpiero Lambiase, a jugé nécessaire de le rappeler à l’ordre.

“N’oublie pas Max, utilise ta tête s’il te plaît”, lui a-t-il conseillé.
“On est deux à le faire ou non ?”, lui a répondu son pilote
“Tu suis juste mes instructions.” (ton ferme)
“Je veux savoir ce que les autres voitures font…”
“Max, s’il te plaît. Suis mes instructions et fais-moi confiance. Merci.”

14e tour, nouveau dialogue de sourds…

– “Tu penses que tu peux continuer ou stopper ? Nous devons stopper à ce tour.”
– “Heu… “
– “Pour couvrir Leclerc…”
– “Je ne vois pas le radar météo. Je ne sais pas.”

Evidemment, Max Verstappen ne pouvait en rester-là… Trois tours plus tard, il est passé prendre des nouveaux pneus, qu’il a encore trop sollicité, alors que tout le monde savait bien comment allait se terminer la chasse au ‘Checo’ Pérez. Voyant qu’il ne se calmait pas, le technicien transalpin est revenu à la charge. “Tu as beaucoup tapé dans tes pneus dans ton tour de sortie, pas sûr que ce soit nécessaire”, lui-t-il indiqué, au 31e tour, après son second passage devant le garage. En guise de réponse, “Max la menace” a affiché un nouveau meilleur tour en course, au passage suivant…

Impassible sur le pit wall mais sûrement dans un bouillonnement intérieur, Lambiase a rouvert le canal, pour un énième recadrage au 33e tour : “Ce pneu a eu une dégradation notable dans le relais 1. Je te demande d’utiliser un peu plus ta tête !” Comme souvent, Max Verstappen en a rajouté une couche, tout en ironie, proposant : “Je peux aussi attaquer plus et faire un autre pit stop ? Ce serait comme un entraînement..”. Devant cette bravade, Lambiase est resté froid. “Pas cette fois.”

Max Verstappen a poussé le bouchon trop loin, c’est certain, et une explication de texte sera nécessaire entre les deux, qui collaborent depuis 2016. Parce que leur échange aigre-doux en qualification avait créé un précédent, vendredi. Max Verstappen était passé tout près de l’élimination en Q2 (P10), et il avait estimé que le plan de l’équipe l’avait mis en danger. “J’aurais dû attaquer deux tours de suite, comme je l’avais dit ! Argh… (.. ) Cette mauvaise exécution me rend fou !”, avait-il pesté.

Lambiase lui avait opposé la réalité des faits : il devait se garder d’attaquer pour avoir de l’essence à bord jusqu’au dernier moment, sur une piste gagnant beaucoup de grip. Le technicien de Red Bull Racing n’avait pas trouvé d’autre moyen que le remettre sèchement à sa place : “Dis-moi ce que tu veux faire exactement en Q3, et on va le faire. Dis-moi. Train de pneu, quantité d’essence, plan de roulage. Vas-y, dis-moi.” Max Verstappen avait évoqué un échange “émotionnel” pour dégonfler l’affaire…

Il faut quelqu’un capable de le gérer

A chaud, dimanche, Christian Horner a dédramatisé, non sans rappeler que la diva était dure à manager… “Ils se connaissent depuis le premier jour où Max est venu dans l’équipe. Ils ont une super relation, mais on sait que Max est un client compliqué…, a tempéré le directeur d’équipe sur Canal+. Il n’y a pas de problème entre eux, ils parlent honnêtement. Il y a du beaucoup de respect. Max a beaucoup de talent mais il faut quelqu’un capable de le gérer.” Et d’ajouter, un peu plus tard, au micro de Formula One : “Ils ont beaucoup de respect l’un envers l’autre, et parfois il sont un peu comme un vieux couple.”

On considère souvent que les périodes de tension sont un vrai test pour les relations. C’est paradoxal que le pilote et sa première personne de confiance dans son travail en arrivent là, au coeur d’un succès sans précédent.

source site