Encore un podium pour Romain Cannone, qui a retrouvé son « allumette »

Il a débarqué à Milan avec un seul podium cette saison en Coupe du monde. Mais quand il hume l’odeur des grands championnats, Romain Cannone devient un autre homme. Le champion olympique de Tokyo a su s’arracher mercredi pour décrocher une nouvelle médaille mondiale à l’épée, un an après son sacre au Caire. Elle n’est pas en or cette fois, mais en bronze. Qu’importe. C’est une médaille « au goût de bagarre, de remise en question » savoure l’escrimeur, qui s’affirme définitivement comme une valeur sûre, sans jamais renier sa nature ni son escrime imaginative.

« Je dédie cette compétition à mon petit frère, Joshua, qui m’a beaucoup porté quand ça n’allait pas bien, pour me changer les idées quand j’ai quitté l’Insep et que je suis revenu partir vivre avec lui en appartement », livre l’œil humide le tireur de 26 ans, qui a traversé des derniers mois délicats sur le circuit.

« Je suis un peu comme Pogacar »

« Un peu crispé » en début de journée selon son coach Gauthier Grumier, Cannone a commencé à se lâcher à 8-3 contre lui au deuxième tour. Il est revenu à 11-11 grâce à sa spéciale, une touche au pied doublée d’un petit bonhomme – une esquive en se recroquevillant. Touche qu’il a doublée afin de prendre pour la première fois les commandes (12-11) et ne jamais les lâcher.

« Il faut pas trop que je change ma nature », juge l’intéressé pressé par l’encadrement d’évoluer, ses adversaires ayant décortiqué son escrime. « Pour comparer avec le Tour de France, je suis un peu comme Pogacar, il faut que j’arrive à gagner de la maturité mais que je garde cette fougue. » Ces touches créées par des esquives, celles qui le font exploser d’un cri animal, regard habité.

Romaine Cannone lors des Jeux de Tokyo en 2021. – Dave Shopland/Shutterstock/SIPA

« Il me faut une allumette », livre « Pano », son surnom en référence à « Peter Pan » parce que quand il n’est pas sur la piste, il semble en lévitation. « Souvent, je trouve cette allumette dans un grand championnat parce que ça me tient à cœur. » Souvent, en effet. Après son sacre olympique, Cannone avait récidivé en conquérant le titre mondial individuel l’an passé et en contribuant à la couronne planétaire par équipe.

« Il sera là à Paris »

« L’épée, ce n’est pas le sabre ou le fleuret, la hiérarchie est bien moins stable, il y a beaucoup de renouvellement. Il n’y a qu’à voir, du podium, Romain est le seul déjà médaillé », loue l’entraîneur national de l’équipe masculine Hugues Obry. À un an des Jeux olympiques de Paris 2024, où il ne vise rien moins que « l’or individuel et l’or par équipes », Romain Cannone n’a buté qu’en demi-finale (15-5) face au petit prodige italien Davide Di Veroli, couronné champion d’Europe le mois dernier à seulement 21 ans.

« C’est dommage, il passe à côté de sa demi-finale mais il peut être quand même satisfait, appuie Gauthier Grumier. Il a défendu son titre de champion du monde comme il fallait. Trois médailles individuelles en trois ans, beaucoup d’escrimeurs en rêveraient. » « Il assume son statut, observe Hugues Obry. Si des gens doutaient que c’était un grand champion, ils sont fixés. C’est un grand champion, il sera là à Paris et il est capable d’aller au plus haut. »

source site