Comment le Roundnet promet de ruiner votre été (et vos articulations)

« J’ai apporté un Roundnet ! » Dans les invités de dernière minute qui peuvent gâcher des vacances entre potes, il y a désormais pire qu’un ukulélé, un Uno ou un enfant bruyant… Le Roundnet, parfois appelé Spikeball, du nom de la marque leader sur le marché. De quoi parle-t-on ? Un mini-trampoline sur lequel on fait rebondir une balle, façon volleyball. Deux équipes de deux s’affrontent. Il faut faire rebondir la balle sur le filet tendu, avec trois touches maximum. L’équipe qui laisse tomber la balle perd le point ou l’engagement. Pourquoi c’est horrible ? D’une difficulté sans pareille, le Roundnet fait mal aux articulations et à l’amour-propre. D’autant que la personne qui a apporté le matos est souvent un prof d’EPS surentraîné.

Les profs de sport sont en effet les principaux vecteurs de viralité de ce sport inventé en 1989 mais popularisé depuis 2014. On en veut pour preuve le témoignage d’Antoine Hersin, prof de sport au primaire et ambassadeur de la marque Spikeball. « J’ai découvert l’activité à l’été 2019. Quelqu’un a ramené le matériel, je n’arrivais pas à jouer, j’ai trouvé ça hyper sympa ! »

« Je ramène des kits partout où je vais »

Ne vous fiez pas à l’introduction de cet article, le vrai problème du Roundnet, c’est que c’est très amusant et populaire. « C’est très ludique, confirme Antoine Hersin. Je ramène des kits partout où je vais et tout le monde est hyper content. » Quant à la difficulté du sport, qui demande une vivacité, une explosivité et une excellente lecture des trajectoires, le prof de sport explique qu’il y a des méthodes pour s’adapter. « C’est vrai qu’il faut avoir un vécu sportif au début, comme la plupart des sports de balle. Il faut commencer doucement, ne pas taper trop fort. Avec mes CM1, au début, je les autorise à attraper la balle à deux mains. En un quart d’heure on progresse… »

Les promoteurs du jeu constatent en effet que le Roundnet n’est pas plus difficile que le badminton ou le tennis de table. « Tout est une question d’habitude, clame Béatrice, prof de sport elle aussi et animatrice bénévole de clubs de plage dans les Côtes-d’Armor. Au début, il y avait des gens qui trouvaient difficile de compter les points au Mölkky… Et dans les années 1970, tous les gamins jouaient au jokari ou au hula-hoop alors que c’est très difficile. »

Si le Roundnet n’est pas un nouveau sport, 2023 pourrait bien être l’été de son explosion. « C’est hyper facile à mettre en place, rapide à expliquer, et il y a eu un gros effort de promotion du jeu. Il est mis en avant dans les magasins de sport. Et on a eu des stars qui ont montré sur Instagram qu’ils y jouaient, comme Kevin Mayer ou Carlos Alcaraz. »

« On est moins sur la performance et plus sur le ludique »

Le jeu risque surtout de vous être réclamé par vos gosses, qui l’auront découvert à l’école. « J’ai créé un document à l’attention des profs de sport pour qu’ils utilisent le Spikeball dans leurs cours, avec un cycle, explique Antoine Hersin. C’est un sport d’opposition, avec de la tactique, dans lequel on évolue plus vite qu’au volleyball par exemple. Surtout, les élèves n’ont pas de représentation sociale ; Au foot, il va y avoir des gamins qui diront “oh non, pas ça, je suis nul”, et d’autres qui vont singer les stars. Alors qu’un Roundnet, tous les gamins jouent le jeu tout de suite. »

Béatrice confirme : « J’aime bien le kinball aussi, mais ça demande plus de place. C’est super d’avoir ces nouveaux sports parce qu’on commençait à s’ennuyer avec le foot, le basket et l’athlé. » Antoine Hersin pense que le Roundnet à rencontrer son époque : « Avec le Covid, les jeunes n’ont pas pu bouger, et ça s’est ressenti dans le développement de leur coordination. Les profs ont cherché des activités innovantes. Ils veulent s’amuser, que les enfants rigolent et transpirent. Aujourd’hui, on est moins sur la performance et plus sur le ludique. »

Les promoteurs du Roundnet sont persuadés que le sport sera aux Jeux olympiques dans les prochaines années. ce qui constituera un nouvel accélérateur de promotion. Autant s’y mettre donc dès cet été…

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