C’est quoi cette histoire de station spatiale du futur coconstruite par Airbus ?

L’espace n’a pas fini d’être la source de convoitises et d’alliances. Mercredi, l’européen Airbus et l’américain Voyager Space ont annoncé la création d’une coentreprise afin de construire et d’exploiter Starlab, une station spatiale commerciale destinée à prendre le relais de la Station spatiale internationale (ISS) d’ici la fin de la décennie. 20 Minutes revient sur ce projet à grande envergure.

Qui sont les acteurs de cette aventure ?

« A dominante américaine » avec une jambe en Allemagne où sont implantés de nombreux sites d’Airbus Defense and Space, cette coentreprise doit répondre « à la demande avérée des agences spatiales mondiales, tout en ouvrant de nouvelles perspectives aux utilisateurs commerciaux », affirme Matthew Kuta, président de Voyager Space.

S’exprimant lors d’un point de presse mercredi matin, Mike Schoellhorn, directeur général d’Airbus Defence and Space, a déclaré, d’après le The Telegraph, que ce projet « sera fait sur une base commerciale et est destiné à fournir une future maison pour les scientifiques et les chercheurs et à être continuellement habité par des humains. » La station sera dédiée à la recherche et aux travaux en microgravité que voudra également y mener l’industrie pharmaceutique mais « nous ne visons pas le tourisme spatial », a indiqué de son côté le PDG de Voyager Space Dylan Taylor.

Pourquoi c’est une bonne nouvelle pour l’Europe ?

Au-delà des possibles retombées économiques, la participation à Starlab d’Airbus, qui apportait déjà depuis janvier un soutien technique, permet d’envisager que l’ESA, l’agence spatiale européenne, puisse continuer d’envoyer des astronautes européens dans l’espace.

« Nous avons le sentiment d’être le représentant ou peut-être le fer de lance de l’Europe dans ce domaine. Et bien sûr, nous le faisons aussi pour attirer l’ESA et les États membres », a confié Michael Schoellhorn, président d’Airbus Defense and Space lors d’une conférence téléphonique.

Le groupe européen peut s’appuyer sur l’expertise qu’il a développée avec le véhicule automatique de transfert ATV ou encore le module de service européen (ESM) conçu pour les missions lunaires américaines Artemis, a-t-il fait valoir.

Quelle implication de la Nasa ?

Pour prendre la suite de l’ISS, la Nasa entend plutôt sous-traiter plutôt que gérer elle-même les programmes, comme elle le fait déjà pour envoyer des astronautes dans l’espace.

Fin 2021, elle a ainsi accordé 160 millions de dollars à Voyager Space, via sa filiale Nanoracks, pour développer Starlab. Elle a également attribué 130 millions à Blue Origin, fondée par Jeff Bezos, et 126 millions au géant Northrop Grumman pour développer leurs propres projets de station.

Une autre entreprise américaine, Axiom Space, développe elle aussi sa station avec le soutien de la Nasa et la participation industrielle au projet du franco-italien Thales Alenia Space. Petit plus pour les astronautes de demain, d’après le journal britannique The Telegraph, les quartiers de l’équipage de la Starlab seront conçus par le groupe hôtelier Hilton.

Quand cette station verra-t-elle le jour ?

Starlab doit être mise en orbite lors d’un lancement unique à l’horizon 2028. La station aura un diamètre de 8 mètres, près de deux fois supérieur à celui de l’ISS, et la moitié de son volume, selon le PDG de Voyager Space Dylan Taylor.

Son premier objectif est de remplacer l’ISS, qui devrait être opérationnelle jusqu’en 2028, après l’annonce de la Russie de son intention de prolonger l’exploitation de son segment de la station. Ce délai doit servir à mettre en place un projet de station orbitale proprement russe pour remplacer l’ISS, comme ambitionne de le faire Moscou depuis des années.

Modèle de coopération internationale réunissant l’Europe, le Japon, les Etats-Unis et la Russie, l’ISS a commencé à être assemblée en 1998. Sa mise à la retraite était prévue pour 2024, mais la Nasa a estimé qu’elle pouvait fonctionner jusqu’en 2030.

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