après Pascale Mitterrand, de nouvelles accusations de viol dans Envoyé Spécial



HULOT. Jeudi 25 novembre 2021, “Envoyé spécial” doit dévoiler les témoignages de cinq femmes accusant Nicolas Hulot d’agressions sexuelles. L’ancien ministre avait déjà été dans la tourmente en 2018.

[Mis à jour jeudi 25 novembre 2021 à 11h01] Après le début d’une nouvelle affaire Hulot, l’heure est à la découverte des témoignages. C’est ce jeudi 25 novembre 2021 que l’émission “Envoyé spécial” diffuse, à partir de 21h10 sur France 2, les confidences de cinq femmes qui accusent Nicolas Hulot de viol et harcèlement sexuel. Un travail gardé bien secret jusqu’ici, la présentatrice Elise Lucet se refusant à tout commentaire et France TV n’ayant pas fait la promotion de cette enquête choc à venir. Cependant, des éléments ont été révélés ce jeudi matin par RMC sur le profil des personnes qui témoignent (lire plus bas). Parmi elles, “la fille d’une ancienne ministre en vue du gouvernement Jospin”, qui aurait longuement hésité avant de parler et dont les propos ont été enregistrés il y a trois ans.

De son côté, Nicolas Hulot a déjà tenu à se défendre, se présentant mercredi sur le plateau de BFM TV pour assurer que “ni de près, ni de loin, je n’ai pas commis ces actes. Ces affirmations sont purement mensongères”. Une défense anticipée qui peut surprendre, alors qu’aucun contenu de l’émission n’a été diffusé.

En 2018, Nicolas Hulot avait adopté la même attitude en allant chez Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV/RMC à la veille de la diffusion d’une enquête écrite par l’éphémère magazine Ebdo évoquant une plainte pour viol déposée à son encontre en 2008. L’affaire remontait à l’été 1997 et avait été classée sans suite. Selon des éléments obtenus par BFM TV, ces nouvelles accusations n’ont fait l’objet, pour l’heure, d’aucune plainte, les faits remontant à plus d’une trentaine d’années et étant prescrits.

La vidéo de BFMTV

Lors de son passage du BFMTV, Nicolas Hulot s’est défendu de toute agression sexuelle. “Ni de près ni de loin je n’ai commis ces actes, ces affirmations sont mensongères”, a affirmé l’ancien animateur et homme politique. “Je n’ai jamais contraint qui que ce soit”, a-t-il martelé, dénonçant un “système qui est en train de perdre la raison”, avec “la justice qui se déplace sur les plateaux de télévision”. “Je vais quitter la présidence d’honneur de ma fondation, pour les protéger des salissures (…) Je quitte définitivement la vie publique parce que je suis écœuré”, a-t-il déclaré. “Pourquoi pérenniser une notoriété qui me fait subir ce qu’un homme peut subir de pire?”.

Nicolas Hulot a aussi décidé d’employer des arguments choc pour sa défense : “Je sais que j’ai un physique très ingrat et que donc seule la contrainte me permet de vivre des histoires d’amour… Mais plus sérieusement, je n’ai jamais séduit par contrainte”. Des propos qui auront provoqué une réaction de la ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno. “Ironiser sur un tel sujet ? Sérieusement ?”, s’est-elle indignée sur Twitter.

Que sait-on des nouvelles accusations de viol contre Nicolas Hulot ? 

Si, sur BFM TV, Nicolas Hulot a assuré ne rien connaître du contenu de l’émission Envoyé Spécial de jeudi (“l’émission dans laquelle je serai mis en cause m’a distillé au compte-goutte les informations à la condition que j’accepte d’aller répondre à ces accusations dans leur propre émission”), quelques éléments ont été dévoilés sur RMC jeudi 25 novembre. Un premier témoignage donnerait la parole à une femme à qui Nicolas Hulot aurait tenté d’imposer une relation sexuelle, une fellation selon BFM TV, sur le parking d’une gare à la sortie d’une émission radio pour France Inter, alors qu’elle était mineure en 1989. Une deuxième femme évoquerait une agression sexuelle dans un taxi à Moscou dans les années 1990 alors qu’elle travaillait pour l’ambassade de France en Russie et que l’animateur de télévision venait tourner un reportage. 

Un troisième récit, recueilli il y a trois ans, serait encore plus fort :  “C’est le témoignage de la fille d’une ancienne ministre en vue du gouvernement Jospin. La journaliste d’Envoyé spécial a enregistré ce témoignage il y a plus de trois ans. CEtte jeune femme avait raconté avoir eu rendez-vous avec Nicolas Hulot dans un appartement parisien. Nicolas Hulot aurait fermé la porte à clé avant de l’agresser. Elle aurait finalement réussi à prendre la fuite, pieds nus”.

Mis en cause par cinq femmes, Nicolas Hulot a, pour sa part, donné quelques éléments de calendrier : “la plus grave de ces accusations […] remonte à 1989, c’est-à-dire à 32 ans”, sans davantage de précisions. Vraisemblablement, les faits présumés remontent à la fin des années 1980. Aucune plainte n’aurait été déposée à l’époque.

Que contient le reportage d’Envoyé Spécial sur Nicolas Hulot ?

Aucun élément sur le contenu du reportage d’Envoyé spécial n’a fuité, mis à part le nombre de femmes appelées à témoigner (5). “C’est le secret le mieux gardé de France Télévisions”, assure la direction au Parisien. Sollicité par l’émission, Nicolas Hulot a expliqué avoir “appris par cette émission qu’ils auraient obtenu, je dirais peut-être même arraché, des témoignages qui me mettent gravement en cause”. On sait également que le travail d’enquête aurait duré quatre ans et ne contient pas la réponse du mis en cause, qui n’a pas souhaité commenter les accusations, jugeant sur BFM TV que “la justice et la vérité ne peuvent pas jaillir sur un plateau de télévision”. 

France TV est resté très discret sur le reportage portant sur Nicolas Hulot. Les divers programmes TV, tout comme le site de Francetvinfo lui-même, ne font, pour l’heure, simplement mention que de deux reportages consacrés à la famine climatique à Madagascar et à la hausse des prix de l’énergie avec des familles qui ne parviennent pas à se chauffer. Un troisième thème devrait donc rapidement être ajouté.

Des rumeurs et deux accusatrices dévoilées dès 2018

Ce n’est pas la première fois que Nicolas Hulot est au cœur d’une affaire du genre. En février 2018, alors qu’il était membre du gouvernement d’Emmanuel Macron, l’animateur TV, connu pour son engagement en faveur de l’écologie, avait fait l’objet d’un article dans le magazine l’Ebdo, disparu depuis, qui faisait état d’une plainte pour viol déposée en 2018 à son encontre. Une seconde affaire plus ancienne avait également été révélée à cette occasion.

La première affaire concernait des accusations de harcèlement présumé subi par une ancienne collaboratrice de la Fondation Hulot. Au micro de BFMTV déjà, le 8 février 2018, Nicolas Hulot avait nié purement et simplement avoir fait l’objet d’une quelconque plainte. “La réponse est non, et je le dis avec d’autant plus de force que la personne en question, qui est parfaitement identifiée, avec laquelle je suis en contact, vous dira la même chose”, avait-il martelé face à Jean-Jacques Bourdin.

Et quand son intervieweur avait évoqué un “accord de confidentialité”, voire une “transaction financière”, pour acheter le silence de la plaignante, Nicolas Hulot s’était insurgé, demandant à ce qu’on lui amène le “chèque” comme preuve. L’ancienne collaboratrice de Nicolas Hulot aurait par la suite été salariée à l’Assemblée nationale, ce qui alimente les théories d’un échange de bons procédés pour étouffer l’affaire.

Pascale Mitterrand, la femme qui accusait Nicolas Hulot de viol en 2008

Nicolas Hulot avait en revanche reconnu avoir fait l’objet de poursuites, dix ans plus tôt, en 2008, par une autre femme, une jeune femme de 20 ans, pour des faits présumés remontant à 1998. L’ancien ministre avait d’abord voulu écarter tout soupçon sur l’âge de la plaignante : au moment des faits présumés, elle n’était pas mineure selon lui, alors qu’elle était d’abord présentée comme une jeune femme de 17 ans. Puis Nicolas Hulot avait indiqué avoir été entendu, à sa demande, par les gendarmes en charge de l’affaire en 2008 et que celle-ci avait été classée sans suite.

“Elle a été classée sans suite parce que non seulement l’affaire avait été prescrite”, a-t-il indiqué, mais parce que “les enquêteurs ont considéré que rien ne permettait de poursuivre”. “C’est vrai qu’il y a eu cette plainte mais la justice est passée, il faut en tenir compte”, concluait-il. L’identité de la plaignante avait été dévoilée : il s’agissait de Pascale Mitterrand, petite-fille de François Mitterrand, alors photographe pour l’agence Sipa, qui avait déposé plainte pour “un fait de viol”.

Biographie de Nicolas Hulot

Fervent défenseur de l’écologie, Nicolas Hulot est né le 30 avril 1955 à Lille. Dès son enfance, il aime déjà beaucoup les voyages et la photographie. Après quelques petits boulots, Nicolas Hulot réalise ses premiers photoreportages à l’agence SIPA, un premier travail qui lui permet de faire le tour du monde. De par son métier, le photographe s’intéresse tout naturellement à l’univers des médias. L’écologiste démarre ainsi une carrière de journaliste sur les ondes de France Inter. Il fait ensuite ses premiers pas sur le petit écran, en 1980, dans une émission pour enfants, intitulée ” Les visiteurs du mercredi “. 

En 1987, Nicolas Hulot lance sur TF1 “Ushuaïa, le magazine de l’extrême”, une émission qui va devenir un véritable succès et le propulser au sommet. De ce programme découleront une nouvelle chaîne, ainsi qu’un mensuel en kiosque. En parallèle à son émission sur la nature devenue culte, Nicolas Hulot présente en 1996 “Opération Ovakango” sur la même chaîne. A côté de sa carrière d’animateur, le journaliste publie plusieurs livres axés sur la nature, l’écologie, à l’instar de “Graines de possibles” ou “Le syndrome du Titanic”.

La Fondation Nicolas Hulot et le “Pacte écologique”

En tant qu’ancien membre d’Europe Écologie-Les Verts, la protection de l’environnement et la sensibilisation du grand public sur les questions écologiques sont au centre de ses aspérités. En 1990, Nicolas Hulot crée la “Fondation Ushuaïa” qui devient, en janvier 1995, la “Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme” puis en 2011, la “Fondation pour la nature et l’homme”.

Nicolas Hulot songera à se présenter à l’élection présidentielle de 2007 afin que les questions relatives à la protection de l’environnement soient véritablement prises en compte. Il se retirera finalement après la signature du Pacte écologique par un grand nombre de candidats des différents partis. En avril 2011, il se déclare candidat à la présidentielle de 2012 et dans cette démarche s’inscrit à la primaire présidentielle écologiste en 2011. Il est battu par Eva Joly qui atteint 49,75 % des voix.

Un ministre du gouvernement Macron

En 2015, il devient “envoyé spécial pour la protection de la planète” ce qui inclus la préparation de la 21ème conférence sur le climat (COP21). Dans ce cadre, il lance le “Sommet des Consciences”. La conférence rassemble une quarantaine de personnalités du monde entier afin de répondre à la question “The climate, why do I care ?” soit “Le climat, pourquoi je m’en soucie ?” En janvier 2016, il quitte son poste d’envoyé spécial. 

A plusieurs reprises, Nicolas Hulot a refusé d’être ministre de l’Ecologie, pourtant proposé par Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Pour Emmanuel Macron, en revanche, il prendra le portefeuille de la Transition écologique et solidaire en 2017. Un poste qu’il quitte en août 2018, quelques mois après la révélation d’une première affaire d’agression sexuelle présumée, classée sans suite.

Qui est Florence Lasserre, la femme de Nicolas Hulot ?

Côté vie privée, Nicolas Hulot est marié depuis 2002 à Florence Lasserre, la mère de deux de ses trois enfants, Nelson et Titouan. C’est en janvier 1996 que l’animateur d’Ushuaïa rencontre, à Chamonix, cette férue de ski ayant vécu trente ans au pied du Mont Blanc. Il vient alors tout juste de se séparer d’Isabelle Patissier, double championne du monde d’escalade, avec laquelle son mariage capotera entre 1993 et 1996. Auparavant, il avait vécu avec Dominique Cantien, directrice des variétés à TF1 de 1986 à 1992. Une histoire qui se terminera “de manière explosive” raconte aussi sa biographie. Après avoir vécu en Corse, le couple qu’il forme toujours avec Florence Lasserre s’est installé à Saint-Lunaire, en Bretagne, où cette dernière sera adjointe au maire.


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