Après le remaniement, Elisabeth Borne « à la tâche » et insensible aux commentaires

Elisabeth Borne est imbattable au jeu du « ni oui ni non ». Interrogée pendant plus d’une demi-heure sur BFM TV sur sa relation avec Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, sur la fronde des policiers, sur le remaniement, sur le 49-3, sur le budget et même sur ses ambitions personnelles, la Première ministre a esquivé même les questions les plus fermées en rabâchant être « à la tâche ». Avant de concéder partir quelques jours en vacances, pendant lesquels elle ira « faire de la marche », mais toujours « vigilante » et proche de Paris. 20 Minutes vous résume ce qu’il faut retenir de cette première prise de parole depuis le remaniement.

Le nouveau gouvernement et les relations avec Emmanuel Macron

Sur sa nouvelle équipe justement, la Première ministre a salué sans les nommer les sortants, qui ont « vécu une année intense » et des « débats parfois violents » à l’Assemblée. D’où la nécessité de « faire des ajustements pour tirer les conséquences d’une situation politique dure » dans l’Hémicycle, où la Macronie n’a qu’une majorité relative, avec plus de personnalités politiques plutôt qu’issues de la société civile. Avec un profil idéal en tête, « avoir des ministres qui dirigent leur administration et capables d’aller parler aux parlementaires », en particulier dans le cas de la santé et de l’éducation, pour lesquels des « réponses rapides sont attendues sur le terrain ». Mais elle ne confirmera jamais si cela relève de la pique contre Pap Ndiaye et François Braun.

Relancée sur le temps qu’il a fallu pour constituer cette nouvelle équipe, Elisabeth Borne a dit « trouver stupéfiant de voir les commentaires, les fictions » sur un bras de fer avec Emmanuel Macron. « Ce sont des choix importants, on a beaucoup échangé », explique-t-elle, sans se prononcer sur la tension durant ces discussions. « Je ne vais pas commenter les commentaires » sur les ambitions de Gérald Darmanin, assène-t-elle, avec qui « on a été très mobilisés pendant les violences en début de mois, c’est comme ça qu’on a pu surmonter cette crise ».

La fronde des policiers et la sécurité pendant les Jeux olympiques

D’ailleurs, « tout le monde est sur la même ligne » au gouvernement en ce qui concerne la récente fronde des policiers. À savoir, « je ne suis pas là pour commenter les propos du Directeur général de la police nationale », qui ne veut pas voir de policier en prison même en cas de faute grave, un « soutien très fort à nos policiers et à nos gendarmes » répété à l’envi, et l’attachement au « principe d’indépendance de la justice ». Le silence de Gérald Darmanin ne vaut-il donc pas approbation, pour signaler sa déception de ne pas avoir été nommé Premier ministre ? « Il est très loin » et avec Emmanuel Macron à Nouméa, balaie Elisabeth Borne.

Au passage, « les forces de l’ordre se préparent » à assurer la sécurité lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques sur la Seine. « On a tiré tous les enseignements » du fiasco de la finale de Ligue des champions au Stade de France, et en plus « on a fait voter très largement une loi pour donner des moyens supplémentaires » d’action aux forces de l’ordre, notamment sur les drones et le volet informatique.

Pas d’ambitions personnelles ?

Sur les critiques et les rumeurs de remplacement qui la suivent depuis déjà plusieurs mois, Elisabeth Borne assure encore être « pleinement consacrée à sa tâche ». « Être Première ministre est un honneur », clame l’ex-pupille de la Nation, et elle n’a « qu’une seule volonté : mettre en œuvre le programme du président, avoir des résultats tangibles ». Malgré la majorité relative à l’Assemblée nationale, elle rappelle ainsi avoir fait « passer 49 textes ». Où se voit-elle dans quelques mois, en 2027 ? Pas de réponse, sinon qu’elle est « à la tâche », encore et toujours. Elisabeth Borne s’attelle à changer l’avenir des Français sans penser au sien. Pour la prochaine élection, « Edouard Philippe a de grandes qualités d’homme d’Etat », dit-elle en réaction aux récents compliments d’Emmanuel Macron. C’est toujours ça de mis dans les dents du ministre de l’Intérieur.

Préparer la rentrée et le budget

Avant de partir en vacances, Elisabeth Borne veut d’abord s’assurer que la rentrée se fasse dans les meilleures conditions. « Notre objectif est d’avoir un professeur devant tous les élèves », rappelle-t-elle, reconnaissant à Pap Ndiaye une « rentrée dernière dans de bonnes conditions malgré les problèmes de recrutement ». Pour remplir « l’objectif de remplacement des absences de courtes durées », la Première ministre veut proposer « des missions supplémentaires avec rémunération » aux enseignants en milieu de carrière, pour qu’ils prennent la place de leurs collègues au sein du même établissement. Sur le volet économique, « le pic de l’inflation est derrière nous », assure-t-elle, même si la rentrée risque d’être difficile. Elle espère tout de même « des baisses de prix » suite aux discussions entre industriels et grande distribution.

Reste le cap sur 2024, avec un budget qui doit viser le désendettement. Mais « quand on investit autant dans l’armée, la police, la justice, la santé, on ne peut pas parler d’austérité », se défend Elisabeth Borne, qui entend répondre « aux priorités des Français ». Mais le texte passera-t-il à l’Assemblée ? Lucide sur le fait que « voter un budget revient à faire partie de la majorité », elle s’attend à ne pas avoir le vote des oppositions. « Je n’ai aucun état d’âme sur le fait que notre pays a besoin d’un budget », et « des outils sont prévus par la Constitution, je prendrais mes responsabilités ». Une annonce de recours au 49-3 qui n’en dit pas le nom, en somme.

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