Nicolas Castan, a 42-year-old winemaker in Roussillon, mourns the loss of his family’s vineyards due to severe drought since 2022. Despite government support for uprooting over 27,000 hectares of vines, the situation remains dire, with many producers struggling under climate challenges and reduced demand. Fellow vintner Jean-Pierre Fournier faces similar heartbreak as he watches his vines destroyed, reflecting the broader crisis affecting the region’s agricultural landscape and tourism-dependent economy.
Les Souffrances des Vignerons du Roussillon
Les yeux de Nicolas Castan s’embuent à la vue du vide laissé par les vignes plantées par son père et son grand-père il y a plus de 70 ans. À cause de la sécheresse qui ravage la plaine du Roussillon depuis 2022, ces vignes ont lentement périclité et ont dû être arrachées.
“Tout le monde me dit : ce n’est pas de ta faute s’il n’y a pas d’eau,” confie ce vigneron de 42 ans, installé entre Roquefort-des-Corbières et Leucate, dans l’Aude. Pourtant, il ne peut s’empêcher de ressentir un profond sentiment d’”échec total” face à cette décision difficile.
“Mon père et mon cousin me laissent un héritage, et c’est à moi de l’enflammer et de le saigner,” regrette-t-il.
Un Soutien pour les Viticulteurs en Détresse
Pour faire face à la crise qui étrangle le secteur viticole, impacté par les aléas climatiques et une demande en baisse, le ministère de l’Agriculture a mis en place, à la mi-octobre, un dispositif de soutien à l’arrachage : 4 000 euros par hectare arraché, financé par des fonds européens destinés à soutenir les viticulteurs touchés par les conséquences de la guerre en Ukraine.
Pour réduire la surproduction, plus de 5 400 viticulteurs français ont donc demandé cette aide pour détruire 27 461 hectares de vignes à travers la France, dont près de 5 000 dans l’Aude seulement.
Outre la demande affaiblie, c’est principalement la sécheresse prolongée qui a poussé tant d’opérateurs de la plaine du Roussillon, straddling Aude et Pyrénées-Orientales, à avaler cette potion amère.
Contrairement au reste de la France, où 61 % des niveaux de nappe phréatique étaient supérieurs à la normale début janvier, le Roussillon présente encore une situation “inquiétante” en raison d’un déficit pluviométrique significatif depuis 2022, explique le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).
Jean-Pierre Fournier, un vigneron de 38 ans et vice-président de la cave coopérative de Leucate, observe un tracteur bleu dévastant ses vignes, également situées à Roquefort, dans la petite vallée de Combe du Four. Bien qu’il soit l’employeur du conducteur de tracteur, c’est néanmoins une vue “déchirante” de voir ces vignes, plantées en 1999 par ses parents, brutalement arrachées du sol. “Je jouais là,” se souvient-il.
Alourdi à l’avant pour éviter de basculer, la machine agricole parcourt le terrain en long et en large, tirant derrière elle un sous-sol, une sorte de pique métallique aiguisé qui s’enfonce dans le sol et soulève les racines des vignes avant qu’elles ne soient traînées sur plusieurs mètres par une barre en acier lourd qui finit de les arracher.
Au bout de deux heures, le champ ressemble à un champ de bataille où environ 5 000 vignes de Grenache et Syrah noires sont couchées, telles des soldats disloqués.
En tout, il a abandonné 7 hectares sur 32. Une occasion de “tout remettre à zéro, de payer les fournisseurs, de payer la MSA,” l’organisme de sécurité sociale agricole, avant de changer de stratégie : produire moins de Muscat, qui n’attire plus autant les consommateurs, et “rationaliser les coûts de production” en essayant de “tout faire (lui-même).”
Le revers de la médaille, se lamente-t-il, est la dégradation du paysage, qui ne sera plus aussi “carte postale” dans ce département qui dépend fortement du tourisme. De plus, il y a une vulnérabilité accrue aux incendies, une fois que les vignes ne joueront plus leur rôle de pare-feu.
Nicolas Castan, “morale à zéro” pendant la récolte de 2024, a envisagé d’abandonner. “Parfois, le matin, tu te réveilles et tu te demandes, que vais-je faire dans le vignoble ?” raconte-t-il. Il a finalement changé d’avis, trop attaché à sa profession, et opère aussi un dernier virage en conservant seulement 32 hectares sur 68. “Mais si ça ne pleut pas, dans deux ans, je suis mort ! Je ne pourrai pas me relever.”